Elle lui manquait de respect. Le prévenu donne à son amie une leçon tonique, mais pas pédagogique.
« Quand on tire quelqu’un pour le mettre dans une voiture contre sa volonté, comment est-ce que ça s’appelle ? », demande le ministère public à Djamel. « Je ne sais pas », dit-il. « Une séquestration », lui apprend le parquet. C’est ce que la procédure retient contre ce Messin de 32 ans qui, dans la nuit du 11 au 12 novembre, aurait transporté Fadila dans le coffre de son véhicule.
Le fait serait l’épilogue d’un long plan séquence commencé plus tôt à Borny devant l’immeuble de la jeune femme de 23 ans, à laquelle Djamel est venu réclamer le remboursement de 200 euros.
Une dette ancienne qui donnait au prévenu l’opportunité de revoir celle qui se présente plutôt comme son ex après trois ans d’une histoire achevée en 2015. Le hic est que le prévenu confirme la porter toujours dans son cœur. Même si elle lui manque de respect, selon son mot, en colportant ici et là des commentaires qu’il n’aime pas beaucoup. Il n’apprécie pas plus qu’elle puisse avoir des relations qu’il ne maîtrise pas. Bref, il y a du recadrage dans l’air quand la jeune femme monte dans la voiture du jaloux. En route, l’ambiance est tellement à la fête qu’elle en descend, marche sur quelques mètres avant d’être rattrapée par Monsieur dont elle ne tarde pas à connaître les propos et les gestes musclés.
Djamel mime à la barre la scène et cette délicatesse de l’ours qui laisse quelques traces et des hématomes sur la victime comme sur ses vêtements. Au passage, il prend la carte bancaire et le téléphone de la jeune femme pour pister d’éventuels noms de matous inconnus dans le répertoire et d’éventuels messages transgressifs.
La défense s’interroge sur « l’enfer » de la victime
Les choses se corsent à partir de ce moment-là. Selon le prévenu, il aurait simplement « jeté » Fadila à l’arrière de la voiture pour la ramener séance tenante chez sa mère. La jeune femme dit avoir fait le trajet dans le coffre. « Avec un peu de vrai, elle fait beaucoup de faux », soutient le trentenaire toujours amoureux. Mais très pesant à en croire Fadila.
« Vous avez quelqu’un qui ne lâche pas », tempête le parquet qui veut 18 mois dont 6 avec sursis et mise à l’épreuve pendant 3 ans avec un maintien en détention. Me Julien Grandclaude « s’interroge » depuis le banc de la défense sur « l’enfer » vécu par la victime depuis deux ans. Personne n’en rapporte d’éléments, le caractère malveillant des appels de son client reste à déterminer, leur nombre n’a rien de pléthorique et il ne faut pas oublier les SMS « on se voit quand ? » envoyés par la victime. Le couple existe, il entretient une activité sexuelle et sort comme tout le monde. « C’est une dispute », résume l’avocat.
Le tribunal s’en tient à 8 mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant 3 ans et à une interdiction d’entrer en contact avec la victime.
Frédéric Clausse (Le Républicain Lorrain)