Inauguré il y a un an, Waves se porte bien. Il a attiré près de quatre millions de clients, est toujours en phase de croissance et n’a apparemment lésé personne. Explications de Philippe Journo, son principal investisseur.
Une innovation, ça fait peur ! Notre pays, il faut qu’il arrête d’avoir peur ! La concurrence, ça ouvre un marché ! »
Le PDG de la Compagnie de Phalsbourg, Philippe Journo, est doublement satisfait. D’abord, un an après son inauguration, Waves est une réussite : « On tangente les quatre millions de clients ! ». Ensuite, ce qu’il avait pronostiqué avant l’ouverture s’est produit. « Il y a un an, j’avais dit que Waves ne serait pas une concurrence au centre-ville de Metz, mais complémentaire. Les études ont montré que ce dernier n’avait pas pâti de Waves. Nous tenons notre rôle dans l’attractivité messine. »
Pour rappel, Waves Actisud, c’est un investissement de 80 M€, 38 000 m² de surface commerciale, une soixantaine de commerces et un pari un peu fou : attirer la foule de toute la région dans un immense centre commercial en forme de vague, moderne et accueillant.
Un an plus tard, donc, Philippe Journo annonce près de quatre millions de clients. Pour être exact, il s’agit de quatre millions d’entrées dans les magasins (lire ci-contre). Des chiffres plus précis permettent de mieux saisir l’ampleur du phénomène commercial : samedi dernier, les portiques ont enregistré 72 290 entrées en magasins (dont environ 3 000 chez Cultura et 3 700 chez Zodio, les enseignes phares, sans oublier 8 000 dans les restaurants). Celui d’avant, jour de braderie, 95 000…
Combien de fois un client entre-t-il dans les magasins ? Quel est son panier moyen ? Combien de temps reste-t-il à Waves ? Des études doivent l’affiner. Une chose est sûre : « Nous sommes passés de 60 000 clients, en moyenne, le samedi à 72 000, et ce n’est pas fini ! Waves, c’est le début et ça va apporter des richesses à toute la collectivité », savoure Philippe Journo.
Autre motif de satisfaction : avec Metz, tout va mieux. Il y a un an, la Ville avait mené la fronde contre l’extension au profit de La Halle. « On avait des discussions raides avec le maire, Dominique Gros, mais, aujourd’hui, tout est apaisé. »
Le centre-ville n’a apparemment pas trinqué d’un effet Waves. « Les rares magasins qui ont fermé, ça n’est pas à cause de nous, mais du loyer », tranche Philippe Journo. Et Waves ? « On est à 250 € du mètre carré, et on propose en plus une qualité de service. On a 150 caméras de surveillance. En un an, on n’a eu ni vol ni braquage ! La preuve que ça marche, c’est que personne ne veut partir ! »
Si La Halle n’est finalement pas venue, il reste sept cellules commerciales vides. Des discussions sont en cours. « Si tout va bien, on espère que Waves sera complet à 100 % pour la fin de l’année. »
Du coup, le PDG peut se permettre de juger voisins et concurrents. « Actisud commence à se bouger. Mais au fond de la Zac d’Augny, ils vont trinquer parce que les propriétaires n’investissent pas. Et le Centre Saint-Jacques, à Metz, a intérêt à avoir terminé sa rénovation avant l’ouverture de Muse… »
En capitaliste assumé, le PDG croit aux vertus de la concurrence. « Muse est une chance de plus pour la ville ! »
La concurrence, qui pousse à l’ambition, oui. Les bâtons dans les roues, non. Le projet d’un Kinepolis de 890 places fait l’objet de trois recours devant la cour administrative d’appel de Nancy. « On va laisser faire la justice, il y en a pour un an, un an et demi. De notre point de vue, il y a, en face de nous, des intérêts contradictoires. » Le PDG énumère : « Cofinance Group veut ses 1 600 places à Augny, Francis Michel défend ses intérêts à Saint-Julien… Le cinéma Union d’Ars, c’est un autre combat, culturel, idéologique. Mais ils se trompent. S’il y a des défenseurs de la culture en France, j’en fais partie. Mais pas de la culture pour cultureux. »
D’ailleurs, en décembre, Waves projettera, sur grand écran Le voyage extraordinaire de Jules Verne , une comédie musicale parisienne soutenue par… la Compagnie de Phalsbourg.
Olivier Jarrige