Ivre, elle tranche la joue de Hakim, son mari, parti avec Stéphanie qui quitte l’audience furieuse d’entendre que son amant avait revu sa femme.
Sandrine Benchieub, 37 ans, se doute bien, à l’audience de ce lundi, qu’elle va perdre sa liberté. Hakim, son mari, dont elle a tranché la joue parce qu’il est parti avec Stéphanie, ignore, lui, qu’il va perdre sa maîtresse. Elle n’apprécie guère d’entendre, depuis les bancs du public, que son amant est retourné voir sa femme le 23 septembre. Même si cette nuit de trop, arrosée à la bière, lui a coûté une balafre et vingt points de suture sur la joue gauche.
Dans ce couple branlant depuis neuf ans, « seules les incarcérations de l’un ou de l’autre ramènent le calme », souligne l’enquêteur de personnalité. « Nous avons deux personnes qui vivent aux crochets de la société dans l’oisiveté et l’intempérance […] Ce dossier est celui de la misère sociale, de gens qui ne fonctionnent pa s comme nous », achève de dessiner Me Amadou Cissé pour la défense de Sandrine. Il n’est pas dans la considération morale, mais pointe l’absence de repères.
« Moi aussi, j’ai un amant », crâne un peu sa cliente avant de descendre en flammes sa concurrente. « Elle lui tape dans la gueule […] elle le prend pour un clebs […] elle le fout dehors. » C’est vraisemblablement pour cette raison que Hakim est revenu ce soir-là dans le nid de Metz Devant-les-Ponts. « Il m’a dit qu’il m’aimait, qu’il m’a toujours aimée », résume Sandrine, qui dit encore aimer son Hakim, seulement « il aimait plus cette pouffiasse que moi ».
Mélangée à du gin, de la bière, du Subutex® et à la pharmacie que s’enfile la jeune femme pour calmer ses nerfs, ses angoisses et dormir un peu la nuit, cette contradiction agit comme un détonateur alors qu’elle fait la vaisselle. « On a plutôt une brosse à la main dans ces moments-là », observe le président Buzon. « J’avais que des couteaux à laver », précise la prévenue. D’un geste de colère, l’un a ouvert la joue de Hakim à hauteur du corps de la mandibule. Une main hystérique a conduit Sandrine à poser une autre lame sur sa gorge à l’arrivée de la police. Dix fonctionnaires sont partie civile et demandent réparation pour s’être trouvés sous une pluie d’objets jetés par la prévenue qui les braque dans la nuit depuis son balcon. La menace du Beretta n’était qu’un tuyau d’aspirateur note Me Arnaud Vauthier. Au-delà de l’anecdote, le conseil souligne le stress de ses clients devant la double difficulté d’interpeller Sandrine qui menaçait d’attenter à sa vie sans subir eux-mêmes de dommages.
« Vous devrez faire un effort de compréhension […] nous ne sommes pas dans la normalité », défend Me Cissé devant les cinq ans d’emprisonnement, dont trois ans avec sursis et mise à l’épreuve requis par le parquet. L’avocat plaide plutôt « l’accompagnement que l’enfermement ».
Le tribunal prononce trois ans ferme avec maintien en détention.