Que renferment les coffres-forts de l’ancien cinéma porno de Metz ? En pleine transformation, le Royal cherche les clefs de ce mystère. Un appel est lancé pour trouver soit un très bon serrurier, soit un voyant extralucide.
Que cachent-ils ? Quels inavouables secrets recèlent-ils ? Depuis quelques jours, les spéculations vont bon train autour des deux coffres-forts de l’ancien cinéma X de Metz. Au Royal, les propriétaires, en pleine rénovation, font grimper les enchères. Ils ont lancé un appel sur les réseaux sociaux pour trouver les clefs de ce mystère.
« On cherche vraiment quelqu’un qui pourrait nous les ouvrir, qui aurait les clefs ou qui serait simplement habile », s’amuse Alexandre Agius, directeur de l’association Pushing et associé dans la reconversion de la haute institution libertine en music-hall.
Le Royal se refait une virginité et veut solder son passé sulfureux. Les dernières pages de cette histoire se trouvent peut-être au fond de ces deux coffres-forts. L’un est de la taille d’une armoire à glace. Il est planté dans les bureaux de l’équipe de l’établissement.
« L’autre a été trouvé sous les gradins de la salle de projection lorsque nous les avons démontés », raconte Alexandre Agius. Celui-ci intrigue plus que son grand frère. C’est un modèle trapu, fabriqué à Sarreguemines, dans l’usine Kratz. Il possède une serrure à quatre entrées et un œilleton. Et, surtout, il était apparemment dissimulé, mis en sûreté. Étrangement…
Il a fallu plusieurs gros bras pour le déplacer, « on a presque dû le faire rouler », rapporte Alexandre Agius. Ce qui ne veut toutefois pas dire qu’il contient des lingots d’or.
Acier et béton !
Un coffre-fort, même court sur pattes, pèse un âne mort. Doublés de béton armé, l’idée a toujours été de ne pas pouvoir les emporter sur son épaule, à moins de s’appeler Hafþór Júlíus Björnsson et d’incarner La Montagne dans la série Game of Thrones.
Alors ? Alors… « alors peut-être qu’il garde de vieilles lettres d’amour de Guillaume II ou des manuscrits templiers », se hasarde Alexandre Agius. En tout cas, peu de chance qu’un crocheteur adroit y mette au jour une vieille collection de VHS classées X ou des dossiers compromettants sur les illustres clients de ce lieu de perdition que fut le Royal. Les coffres-forts, même s’ils ne sont pas datés, semblent remonter à l’époque où la maison était plus vertueuse et moins close qu’elle le devint à partir de 1990. À l’origine, elle abritait, en effet, le siège de la Chambre de métiers et de l’artisanat de Moselle. Inaugurée en 1923, l’auguste demeure, aujourd’hui classée monument historique, logeait alors des activités moins polissonnes et beaucoup plus ennuyeuses. Quoique…
Thierry Fédrigo (Le Républicain Lorrain)