Les sciences de la lumière pourraient, d’ici 2022, n’avoir plus aucun secret pour les Messins et l’ensemble des habitants du territoire français. Un projet de création d’un institut de la photonique de près de 4 000 m² est en effet devenu une sérieuse option.
Vous avez dit photonique ? La science de la lumière. Toujours pas ? Alors observez mieux votre smartphone… Cet objet-doudou devenu aussi transitionnel qu’indispensable et qui vous permet vos meilleurs selfies, qui vous éclaire avec une torche digne d’un agent secret, est une des technologies de pointe permise par la photonique. Dans notre quotidien, il y a la fibre optique aussi, qui permet un débit transformant notre salon en home cinéma. La photonique est partout, même là où on ne l’attend pas : «L’écologie est enfin devenue une priorité pour tous mais qui a conscience qu’avec un laser, on peut réduire la durée de vie des déchets radionucléaires ? Il m’est difficile de constater que cette science n’existe pas encore dans l’espace public alors qu’elle est une véritable révolution.»
La sortir des écoles
Marc Sciammana n’a pas son pareil, en moins 300 000 km/s, ou presque, pour vous convaincre que la photonique est une des technologies phare du XXIe siècle. Et qu’à ce titre, il est grand temps qu’elle sorte des grandes écoles et leurs labos de pointe. Normal, l’enseignant-chercheur de CentraleSupélec , à Metz, est aussi dirigeant de la seule chaire du pays où l’on décortique le photon. Il est même flanqué d’un paquet de prix qui font de lui ce que l’on nomme ni plus ni moins une pointure mondiale. Un CV assez percutant, du coup, pour convaincre son entourage, les décideurs que la création d’un institut de la photonique de 4 000 m², à Metz, relèverait de l’idée de génie.
«J’ai eu, en 2015 (NDLR : sa chaire est alors distinguée d’un illustre prix remis seulement trois fois en 35 ans), une vraie confrontation au réel. Nous avons des labo, nous sommes brillants mais à quoi tout cela sert-il alors que des personnes n’ont encore pas accès à la lumière artificielle ?» Il a donc suggéré, en 2015, que l’État s’empare du dossier, finance un institut. « Rien ne s’est passé. Parce qu’il y aurait d’autres sujets urgents » Aujourd’hui, la graine a germé. Et l’école où enseigne Marc Sciammana, CentraleSupélec, a dit bingo ! Le terrain est là, au Technopôle. Il n’y a plus qu’à…
L’aéronautique aussi
Dix-huit millions d’euros sont à réunir et des architectes ont même déjà dessiné l’institut. «Ce sera mauresque, c’est tout ce que je peux dire pour l’instant», lâche le scientifique. Derrière la grande école messine, le Département suit, comme Metz Métropole évidemment. Un gros partenaire aussi, du secteur aéronautique et spatial et de l’industrie de l’armement, à la pointe dans la conception de missiles, est dans la boucle.
«Le projet est prêt depuis plus d’un an. La Région était partante également, précise celui qui est aussi, désormais, adjoint au maire de Metz. Et je veux bien entendre que la situation n’est plus la même, aujourd’hui. Mais cet institut est en bonne place des 80 projets figurant dans le business act Grand Est. Il faut maintenant se lancer. Cet institut sera un lieu pour tous, où l’on viendra apprendre, comprendre, découvrir » Il en existe deux chez nos voisins allemands, un en Espagne… Aucun en France.
S.-G. Sebaoui (Le Républicain lorrain)