Président du conseil régional du culte musulman, l’imam Amine Nejdi était l’un des six invités du Printemps des religions à Metz. Les Profanes, opposés à ce débat, ont diffusé certaines de ses déclarations ultraconservatrices.
« La pornographie favorise directement ou indirectement la recrudescence des divorces, l’augmentation de l’homosexualité, de la bisexualité, de la sodomie, de la prostitution, du sida. » Ces propos sont tirés d’un article sur l’érotisation de la société, issu du site alwassam, nourri par des proches de la mosquée de Tomblaine. Amine Nejdi en est l’imam. Il est aussi président du conseil régional du culte musulman de Lorraine depuis 2003. Dans une autre citation, il rappelle « la prééminence masculine » sur la femme.
Ils ont été relayés dès lundi soir par Vincent Borel, au nom des Profanes, à la veille du second Printemps des religions organisé par la préfecture de Moselle à l’hôtel de ville de Metz. Mardi après-midi, ils avaient fait le tour des réseaux et enflammé la blogosphère. Pour Vincent Borel, il s’agissait de protester contre l’invitation de l’imam par l’État.
• ET LES JEDIS ? — Il a d’ailleurs diffusé, dans son communiqué, d’autres citations ultraconservatrices du même tonneau, de responsables d’autres religions, pour ne pas prêter le flanc à une critique envers l’islam. Dans la foulée, un groupe de Profanes a manifesté gentiment devant l’hôtel de ville de Metz, pour rappeler l’État à son devoir de neutralité. Les mêmes, déguisés en Jedis, ont rappelé l’existence de leur Ordre, inspiré de Starwars, pour protester contre les critères de choix des invités. « Pourquoi, dans ce débat, aucun athée, aucune femme, aucun agnostique ? »
• QUI D’AUTRE ? — Dans le Grand Salon, la polémique autour de l’imam a fait chou blanc. Certains élus messins sont montés au créneau. Les proches du maire et le préfet ont promis de vérifier les sources des Profanes. « Si nous ne l’avions pas invité, il y aurait eu un malaise » , confie un proche du maire.
Amine Nejdi, lui, répond d’abord par une pirouette. « C’est un texte d’une rédactrice, il y a huit ans, remis à jour en 2012, inspiré d’un livre de Jean-Claude Guillebaud. » Il finit par en assumer la responsabilité. « Il y a écrit « directement ou indirectement ». Les sources de l’homosexualité sont multifactorielles… »
• ET LA FRATERNITÉ ? — Avant de trouver une meilleure défense : « Cela fait vingt-huit ans que je suis sur le terrain, vingt ans que je fais des vidéos… » sans que personne n’ait, jusque-là, trouvé à redire. « Il faut distinguer ce genre de déclaration et l’homophobie, qui est de l’intolérance. J’ai des fidèles homosexuels, je n’ai aucun jugement de valeur à porter sur eux. » Il invite les Profanes à en discuter autour d’un thé, dans sa mosquée, près de Nancy.
Et le Printemps des religions dans tout ça ? La fraternité, le thème de 2016, n’a pas fait le plein. L’évêque de Metz, le doyen des prêtres orthodoxes de l’Est, un pasteur parisien, le grand rabbin de Moselle, un moine bouddhiste et… l’imam ont parlé durant deux heures devant une petite centaine de personnes.
Olivier Jarrige (Républicain Lorrain)