La direction du Services d’incendie et de secours de Moselle considère qu’il n’est pas possible d’utiliser en toute sécurité un masque FFP2 sans être rasé à nu. À Metz, 25 pompiers professionnels qui portent une moustache ou un bouc n’ont plus le droit de travailler. Six d’entre eux ont déposé plainte vendredi.
La pilosité est un sujet de crispation chez les pompiers. Il y a un an, le poil animait déjà les débats sur ses conséquences concernant l’étanchéité des appareils respiratoires utilisés pour aller au feu. Barbe ou pas barbe ? Les Services d’incendie et de secours (SDIS) départementaux avaient chacun leur avis sur la question. La Moselle a tranché en ce qui concerne le port du masque FFP2 utilisé comme protection contre le Covid-19.
Une note du 16 mars dernier interdit formellement la barbe. Les secouristes sont en grande majorité passés sous la tondeuse. Ceux qui ont gardé une moustache ou un bouc, même fin, sont désormais interdits de garde et renvoyés dans leur chaumière. Ils sont déjà 25 dans ce cas au centre de secours de Metz. Six pompiers professionnels ont déposé plainte, vendredi 17 avril, pour, juridiquement, discrimination en raison de l’apparence physique, et «attaquer cette privation de droit et cette atteinte grave à nos libertés», dénonce l’un deux.
Un autre pompier pose calmement les choses : «Je porte une barbe depuis plus de 20 ans, toujours propre et bien taillée. Je n’apprécie pas qu’on me dise comment me raser mais j’ai respecté la note à sa sortie. Dans cette crise, il y avait des choses plus importantes. J’ai gardé une moustache et un bouc. C’est fin, très discret.» Depuis le 9 avril, la direction du SDIS l’empêche de travailler.
«J’ai fait un compte rendu expliquant que j’applique parfaitement la note du 16 mars. Je respecte également la notice du constructeur de ces masques FFP2 qui stipule que les joints doivent reposer sur la peau nue.» Un troisième plaignant intervient : «C’est le cas pour chacun de nous : nos petites moustaches sont à l’intérieur du masque, aucun poil ne dépasse !»
«Le jour où les docteurs Braun et Raoult seront rasés de près…»
«On respecte les documents officiels et on n’a pas le droit de travailler. Nous sommes nombreux à avoir annulé nos vacances pour lutter contre le coronavirus et aider la population. Cette situation est absurde !», réagit le premier. «Au début, je prenais ça comme une atteinte à mon intégrité physique, c’était déjà difficile à encaisser, mais on avait fait l’effort. Maintenant, la direction est passée à un autre niveau. Nous sommes sanctionnés.» Un professionnel soupire : «Le jour où le docteur Braun, chef des urgences de Metz, ou le docteur Raoult, se raseront de près, on commencera à avoir peur. En attendant, nos moustaches respectent parfaitement le règlement et les consignes.»
Quelques pompiers professionnels ont également lancé des recours devant le tribunal administratif. «Ce n’est pas qu’une question de principe, prolonge un plaignant. En nous retirant les gardes, on n’aura pas nos quotas d’heures annuels.»
Sollicitée, la direction a fait savoir que, «dans cette période d’urgence sanitaire, le SDIS est concentré sur le fait de porter secours à notre population en toute sécurité, non seulement pour les personnes secourues mais aussi pour les sapeurs-pompiers.»