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Metz : l’épidémie de la course à pied regagne du terrain


Les Foulées de Tom ont été mises en place en 2003. "Je travaillais dans un magasin de running spécialisé, explique son fondateur Eric Thomas. J’y croisais souvent des clientes qui n’osaient pas courir seule, surtout en hiver." (Photo : RL)

À l’arrivée des beaux jours et des courses emblématiques de Metz – La Messine ou le marathon –, le jogging fait chaque année de nouveaux adeptes. Seul ou en groupe, chacun son approche.

Avec des jours plus doux, ils sont de plus en plus nombreux, aux abords du plan d’eau, le long du canal, parfois même en ville. Les joggeurs sont de retour, en masse.

Eric Thomas, le fondateur des Foulées de Tom, mettrait un bémol : selon lui, aujourd’hui, on court toute l’année. « Les entraînements de l’École de La Messine, emportée par Marie-Hélène Comazzetto, et l’École du Marathon de Laurent Léger, à l’origine, étaient bel et bien organisés quelques mois avant leurs courses respectives. Mais, à présent, ils ont lieu toute l’année. Comme les Foulées de Tom, d’ailleurs. »

En une dizaine d’années, les adeptes des Foulées sont passés d’une dizaine à 300. «Je suis convaincu que le message autour de la santé, porté par les pouvoirs publics et les médias, a fait son chemin , assure le spécialiste. Tout le monde prend conscience qu’il faut se bouger.»

C’est en tout cas la motivation que décrit Léa, 25 ans. La jeune femme n’avait pourtant « jamais couru avant avril 2015 ». Les cours de sport dispensés au collège et au lycée étaient, pour elle, plutôt synonymes de calvaire. «J’ai commencé seule, grâce à un entraînement dégoté sur internet. On y trouve de tout, programmes comme conseils. Je partais vraiment de zéro : deux minutes de course à pied, deux minutes de marche, en alternance.»

Ses efforts ont payé : au bout de deux mois environ, elle pouvait courir 30 minutes sans s’arrêter. Rejointe par une amie, cette éducatrice spécialisée s’est alors fixée pour objectif de courir le marathon en relais. Les grandes courses sont souvent, en effet, un objectif et, donc, une source de motivation pour les nouveaux joggeurs. «C’est vrai qu’ a près le marathon, tout s’est arrêté. On développe une sorte d’addiction quand on court. Si on s’arrête, on perd l’envie.»

À l’approche de La Messine (le 1er mai prochain), Léa a rechaussé ses baskets. Ce coup-ci, en groupe, avec d’autres copines, pour renforcer sa motivation. «Sinon, dès qu’on a un peu mal, on s’arrête. J’ai compris aujourd’hui qu’il fallait sortir de sa zone de confort pour progresser.»

Aurélie, 27 ans, confirme que l’effet de groupe est important : elle est inscrite aux Foulées de Tom depuis six ans. Chaque mercredi soir, elle se faufile dans l’un des sept groupes de coureurs (rassemblés par niveau), selon sa forme du moment. « J’ai fait du judo pendant quinze ans. La course à pied relève d’un tout autre état d’esprit, on a moins de limite , d’une certaine façon, estime la jeune vendeuse. Au judo, si l’adversaire en face est vraiment plus fort, il n’y a pas grand-chose à faire. Pour la course, le combat est à mener avec soi-même, on peut toujours évoluer. »

La sportive a fait son premier marathon, à Metz, l’an dernier. Son objectif était de le boucler sans marcher, en 4 h 15. Mission accomplie, «à quelques secondes près». Pour elle, «la course est devenue un besoin». La seule chose qui pourrait l’arrêter ? «Une blessure.» Pour d’autres, c’est un complément. Nicolas, commercial de 30 ans, fait déjà de la musculation quatre fois par semaine. La course à pied lui permet « d’entraîner son cardio » : « Clairement, c’est une bonne complémentarité : j’ai vu avec et sans… je me sens en meilleure forme, plus fort en courant en parallèle. »

Bien souvent, ces nouveaux adeptes évoluent en dehors de tout club sportif. Aurélie et Nicolas témoignent qu’ils travaillent le samedi ; aussi, s’inscrire régulièrement aux courses le dimanche représente trop de contraintes pour eux. «Après, on n’a pas vraiment de coupure dans la semaine pour se reposer.» «Beaucoup assimilent – à tort, je pense – les clubs à un esprit de compétition et à des obligations, remarque Eric Thomas. Quoi qu’il en soit, la course à pied est un sport qui permet beaucoup de liberté. Il suffit d’avoir une paire de basket dans son coffre de voiture et de trouver 30-45 minutes…»

Marie Koenig (Républicain Lorrain)