C’est un problème récurrent : les hôpitaux messins manquent de soignants. Alors que le frémissement d’une deuxième vague de Covid se fait ressentir en Moselle, les inquiétudes sont vives dans les hôpitaux. Comment assurer la continuité des soins quand les professionnels sont aux abonnés absents ?
«Les difficultés de recrutement s’accentuent depuis deux ans», précise Régis Moreau, directeur d’Uneos (hôpitaux privés de Metz). «C’est un vrai problème», ajoute Marie-Odile Saillard, directrice générale du CHR Metz-Thionville. La crise, celle qui se pérennise, c’est le manque de personnel soignant. Au CHR Metz-Thionville, la défection approche la centaine, à Claude-Bernard, la quarantaine, dans le groupe Uneos (HP Metz), une bonne soixantaine.
Alors que le frémissement d’une deuxième vague de Covid se fait ressentir, il y a de quoi être inquiet. En mars, la crise sanitaire a beaucoup affecté les professionnels de santé. Ils ont tout donné pendant des mois. La relance de l’activité ne les a pas épargnés. La fatigue, l’épuisement se fait encore ressentir et la main-d’œuvre est toujours aux abonnés absents.
La situation est grave
La situation est telle qu’elle peut endommager la continuité des soins. La directrice du CHR Metz-Thionville avoue que cette situation peut mettre en péril l’offre de lits. «Il m’arrive de mettre en sommeil des services, un voire deux mois, par manque de personnel.» Marie-Odile Saillard ne mâche pas ses mots : «On n’a pas tiré les conclusions de la première vague. On est prêt à affronter une seconde, les compétences sont là. Mais nous n’avons pas assez d’hommes au sein du corps médical.»
À l’hôpital public, ce sont également les médecins qui manquent à l’appel. La Moselle n’est pas une région d’attache, certes. Mais là où le bât blesse selon la directrice du CHR, c’est à l’endroit des émoluments. «Il y a un tropisme des médecins vers le privé.» Il est vrai que les directeurs de Claude-Bernard comme d’Uneos ne se plaignent pas d’absences du corps médical. La raison ? «Il n’y a pas que l’aspect financier, plus intéressant dans le privé. L’hôpital public assure la permanence des soins. Les conditions de travail de nuit peuvent être pires que dans la journée. Le personnel est épuisé. Est-il normal que les médecins du public soient moins bien payés alors que dans le public comme dans le privé, les rémunérations sont issues des fonds de la sécurité sociale et des mutuelles ?»
Marie-Odile Saillard avoue qu’elle attendait que le Segur de la santé lisse ces différences. «On aurait pu adapter les statuts juridiques pour allers vers des conventions communes entre le public et le privé.» Il n’en est rien.
Comment y remédier ?
Comment remédier à cette défection ? «En donnant envie d’intégrer le monde de la santé», répond Régis Moreau. Le directeur général du groupe Uneos travaille en ce sens. Des accords internes offrent six semaines de vacances et 15 RTT. «Nous nous efforçons de compléter la rémunération des salariés. Plutôt que de payer des intérimaires, on propose des heures supplémentaires.»
Les directeurs d’hôpitaux appellent encore à l’ouverture des formations. «La sortie des écoles n’est pas en cohérence avec les départs en retraite et les besoins des territoires», explique Régis Moreau. «Je forme chaque année 350 infirmières dans les trois écoles d’infirmières, précise Marie-Odile Saillard. Une promotion entière part au Luxembourg. On forme à perte !»
L’ensemble des directions hospitalières demande l’ouverture de places de formation. Marie-Odile Saillard souhaiterait la mise en place de conventions avec le Luxembourg. «Je veux bien former, mais on peut envisager un retour financier.»
Anne Rimlinger (Le Républicain lorrain)