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Metz : le doggy bag pour terminer son assiette à la maison


À Metz, à la Taverne Karlsbrau, où les assiettes sont généralement copieuses, la pratique du doggy bag est depuis longtemps entrée dans les mœurs, notamment grâce à la clientèle étrangère, habituée à repartir avec les restes de son repas. (photo Gilles Wirtz / RL)

La plupart des restaurateurs messins n’ont pas attendu le Plan anti-gaspillage alimentaire et la loi sur les biodéchets pour proposer à leurs clients de repartir avec leurs restes dans un doggy bag. Ou avec leur assiette !

Ce n’est pas qu’une histoire d’yeux plus gros que le ventre ou de radinerie une fois l’addition réglée. Chez la plupart des restaurateurs, qu’ils aient la cuisine généreuse ou pas, des clients repartent avec les restes de leur assiette dans une boîte hermétique, autrement appelée doggy bag, qui désigne cet emballage dans lequel le client peut emporter la fin de son repas. Le doggy bag , ou littéralement sac à toutou, aurait pour fonction de nourrir le chien de la maison. Mais, bien souvent, c’est dans l’estomac des maîtres que terminent les résidus d’assiette.

Depuis le 1er janvier, le Plan anti-gaspillage alimentaire et la loi sur les biodéchets obligent les restaurants servant 180 couverts par jour à trier leurs déchets, mais pas à proposer des doggy bags aux clients.

Des études révèlent que 14 % des déchets alimentaires proviennent de la restauration. Il est rare de pouvoir demander une portion à la taille de son appétit. Selon des estimations, sur chaque repas qu’une personne prend au restaurant, entre 210 et 230 grammes de nourriture seraient perdues. Faute de contenant pour repartir avec ses restes, c’est à la poubelle que termine le repas.

Beaucoup de tables n’ont pas attendu une législation anti-gaspi pour pratiquer la récupération de plats non consommés dans leur totalité. À la Taverne Karlsbrau, par exemple, une employée, 21 ans d’ancienneté, l’a toujours vu pratiquée. « Un client sur deux qui a des restes repart avec », confie-t-elle. Selon le patron, Nicolas Tronche, la pratique, quotidienne, tient « au fait que la clientèle est en majorité étrangère, et cela fait partie des habitudes de consommation des Allemands et des Luxembourgeois notamment ».

L’enseigne dispose de barquettes en aluminium pour les petites portions ou de boîtes en plastique plus conséquentes pour les restes de choucroute royale. « Elle est prévue pour deux personnes, mais elle peut en régaler trois. Le doggy bag est finalement intégré dans notre pratique, alors on ne propose plus, c’est le client qui se manifest e . On a aussi le cas de celui, peu à l’aise, qui veut nous faire croire que ses restes reviendront au chien. » Idem pour le fond de bouteille de vin. L’enseigne a le petit sac et le bouchon hermétique en verre qui vont avec.

Place Saint-Louis, les associés du Café Rubis, de la Maison Baci et de l’Épicerie Baci le proposent « quand l’assiette terminée est encore bien garnie, explique Hélène. Des fois, ça fait mal au cœur de mettre à la poubelle, surtout quand c’est de la viande. C’est du gâchis et il y a quand même le boulot des cuisiniers derrière. Certains clients sont un peu réticents, ça les gêne. Certains, plus lucides, refusent parce qu’ils savent qu’ils ne termineront pas. »

Du côté de la restauration gastronomique, la pratique est logiquement rare. « Chaque assiette est proportionnée, calibrée, pour que le client aille justement jusqu’au bout , confie Alexandra Sandrini, du Quai des Saveurs, à Hagondange. En revanche, comme nous avons peu de choix en bouteille de vin de 50 cl, ça arrive que des clients repartent avec leur bouteille de vin. »

Fin novembre, Laurent, le patron des Trappistes a participé au dispositif expérimental de Metz-Métropole. Pour lutter contre le gaspillage, des restaurateurs volontaires ont reçu des boîtes appelées Gourmet Bag. Sur la trentaine de récipients distribués, seule une petite dizaine a été demandée par la clientèle des Trappistes. « Le problème du doggy bag pour le client qui travaille, c’est qu’il doit pouvoir le mettre au frigo pour éviter une contamination bactérienne , insiste le restaurateur de la place de Chambre. Pour ne pas gâcher, on a toujours proposé aux gens de repartir avec leurs restes. » Aux Trappistes, des habitués quittent parfois leur table une assiette en main. Pour la rapporter une fois le plat digéré.

C. P. (Le Républicain lorrain)