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Metz : le coiffeur « tactile » jugé pour agressions sexuelles


illustration RL/Karim Siari

Une dizaine d’apprenties reprochent à Claude Tarantino de leur avoir imposé autre chose que son savoir-faire.

Le dossier d’agressions sexuelles reprochées au coiffeur Claude Tarantino a été aussi long à instruire, mercredi devant le TGI de Metz, que le dernier film de son homonyme américain est long à regarder.

L’artisan de 54 ans, qui a commencé avec un tabouret, selon l’image d’un de ses défenseurs, Me Bertrand Becker, est aujourd’hui à la tête de plusieurs salons à Metz, Rombas et Amnéville. Ils sont autant de lieux de formation pour des apprenties. Une dizaine d’entre elles, dont quatre sont parties civiles, reprochent à leur maître de n’avoir pas prodigué que des conseils techniques. Elles auraient subi ses assauts, entre juin 1998 et 2009.

Des moments difficiles que Cyrielle est la première à dénoncer en 2008 dans une plainte déposée à la gendarmerie de Maizières-lès-Metz. La main entre ses seins est aggravée l’année suivante par une pénétration digitale dans une seconde audition. On ne voit pourtant pas de qualification pour viol, relève Me Cédric Demagny. Le second conseil de Claude Tarantino a épluché la procédure et chacun des témoignages. Ils sont foisonnants et rapportent des attouchements nombreux, des points de vue déplacés sur les jeunes femmes, des propositions de rapports sexuels contre lesquels le prévenu se défend.

« Je ne suis jamais tout seul au salon. Il y a un miroir qui permet de tout voir. La réserve (dans laquelle se seraient produits certains faits, NDLR) ne ferme pas à clé », explique le quinqua qui reconnaît son caractère « tactile ». « Je peux enlacer quelqu’un, c’est ma façon d’être (son caractère italien, ajoute un de ses défenseurs), mais jamais je ne mettrais la main dans un soutien-gorge ou une culotte. Ça fait 40 ans que je travaille avec des femmes et personne ne s’est plaint. Je suis marié depuis 35 ans et je ne suis en manque de rien. Je veux savoir pourquoi elles disent ça. »

« On ne vous reproche pas d’être exigeant, ni tactile, mais des gestes à caractères sexuels », éclaire la présidente Miceli.

Déposition « mensongère »

« Il a besoin de séduire », dit une de ses stagiaires, qui l’a repoussé pendant ses trois ans de formation sans rien dire à personne par crainte que Claude Tarantino lui oppose un chantage aux examens. Sans ce lien de subordination, les victimes auraient été plus nombreuses à parler, estime-t-on chez les soutiens des plaignantes. Me Christine Pernel, comme ses confrères Dominique Boh-Petit et Antoine Leupold, mesure le désarroi des apprenties, leur peur et le poids du passé toujours présents dans le quotidien de celles qui n’ont pas été choisies au hasard. Elles appartenaient à la partie la plus vulnérable du personnel.

Le parquet veut trois ans d’emprisonnement, dont une partie avec un sursis, dont il charge le tribunal d’apprécier le quantum. Les défenseurs marchent dans le sens opposé et réclament la relaxe. Leur client est certes exigeant, formateur tyrannique, mais aucune école ne lui a jamais reproché un seul objet des poursuites. Peut-être faut-il chercher du côté de la jalousie. « Ce dossier part mal et de la plus contestable des plaintes. » Une déposition «mensongère » à partir de laquelle on va chercher les autres pour faire tenir le tout, insiste la défense.

Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 4 mai.

Frédéric Clausse (Le Républicain Lorrain)