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Metz : l’arrivée de Kinepolis au centre-ville se précise


Quand il rouvrira ses portes au premier semestre 2018, le cinéma Le Palace sera passé sous pavillon Kinepolis et ne sera plus un cinéma généraliste mais art et essai. (Photo : RL)

Le cinéma Le Palace à Metz devrait fermer ses portes à la rentrée, et rouvrir sous pavillon Kinepolis et dans une version art et essai au premier semestre 2018. Pendant cette période, le Caméo-Ariel va élargir sa programmation.

À l’évidence, le calendrier n’est pas celui dont Kinepolis rêvait. L’idéal, pour le géant belge du cinéma, aurait été que son multiplexe prévu à Muse, dans le quartier de l’Amphithéâtre à Metz, soit sorti de terre au moment où le cinéma Palace ferme ses portes. Ou, à défaut, que ce nouveau cinéma prenne le relais du Palace transformé en cinéma d’art et essai. Dans les deux cas, cela ne sera pas possible.

« Le centre-ville va être amputé de films grand public », regrette Michel Humbert, toujours directeur des cinémas Palace et Caméo-Ariel. « Soit les gens se reporteront vers le Kinepolis de Saint-Julien-lès-Metz ou vers celui de Waves, s’il est réalisé, soit il n’y aura pas de report. » En attendant, les choses se précisent pour les cinémas du centre-ville. Le cinéma Le Palace (172 000 entrées en 2016) devrait fermer ses portes à la rentrée, probablement en septembre, et rouvrir, comme l’a confirmé, lundi, le directeur d’exploitation de Kinepolis France, « au premier semestre 2018 dans sa version art et essai ». « Nous avons prévu six mois de travaux. Un temps que nous souhaitons le plus court possible », confie Philippe Halhoute.

Durant cette période, le cinéma Caméo-Ariel (95 000 entrées en 2016), lui, continuera de fonctionner avec une programmation plus élargie. « Il y a encore des capacités à l’Ariel, même s’il n’y a que quatre salles au lieu de sept au Palace », soutient Philippe Halhoute désireux que le public « garde des habitudes de fréquentation au centre-ville. » « Il faudra que la programmation soit la plus riche possible. On espère, même, que le taux de fréquentation du Caméo-Ariel augmente pendant cette période. »

Chargé de la programmation, Michel Humbert précise qu’il ne « s’enfermera pas dans un carcan ». Sous-entendu, il n’y aura pas que de l’art et essai à l’Ariel pendant cette période… « Des films comme The Lost city of Z de James Grey, Patients réalisé par Grand corps malade ou La Belle et la Bête [actuellement au Palace, N.D.L.R.] sont indispensables au centre-ville », défend-il. « Il serait, en revanche, aberrant qu’on n’ait pas le film de Christopher Nolan [ Dunkerque , sortie prévue le 19 juillet 2017, N.D.L.R.] en version originale », poursuit-il.

Pour enrichir l’offre, Michel Humbert rappelle qu’il est aussi possible de passer de quatre à trois séances par film. « Ce boulot de confrontation sera difficile avec les distributeurs car il y a ceux qui accepteront et ceux qui tiendront à leurs quatre séances », confie celui qui, une fois Le Palace rouvert (l’Ariel sera alors définitivement fermé et le bâtiment probablement vendu par la Ville), continuera d’exercer sa fonction de programmateur mais sous le pavillon de Kinepolis. Visiblement, sans cas de conscience… « Les opposants à ce projet parlent de monopole. Mais il n’est interdit à personne de monter un complexe cinématographique quelque part », s’agace-t-il. « Avec 8 000 pétitionnaires en faveur d’un cinéma indépendant, j’aurais dû faire 30 000 à 40 000 spectateurs supplémentaires mais je ne les retrouve pas ! Il y a un paradoxe : des gens veulent des salles indépendantes, ce en quoi, ils ont peut-être raison, mais alors qu’ils le prouvent en fréquentant ces salles qui sont encore indépendantes. »

Kinepolis a prévu d’investir 2,5 M€ dans la rénovation du cinéma Le Palace. « On conserve les sept salles mais on les aménage pour qu’elles soient accessibles aux personnes à mobilité réduite. On transforme le hall d’entrée pour qu’il soit plus accueillant et qu’il ressemble à de l’art et essai. Ce ne sera pas la même ambiance qu’au Kinepolis de Saint-Julien-lès-Metz », affirme Philippe Halhoute, directeur d’exploitation France de Kinepolis, précisant que le groupe tiendra ses engagements quant à la reprise du personnel.

Pour l’actuel patron des cinémas Le Palace et Caméo-Ariel, parler de suréquipement ou de sous-équipement cinématographique n’a pas de sens. « À Strasbourg, la fréquentation des cinémas est énorme, ce qui n’est pas le cas à Metz. Les gens se sont approprié les bistrots, les restaurants mais pas le cinéma », affirme-t-il tout en reconnaissant, en revanche, que la proposition en termes de films est « légèrement insuffisante par rapport à l’appétence des spectateurs ».

Gaël Calvez (Le Républicain Lorrain)