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Metz : la cathédrale s’illumine dès vendredi, rencontre avec l’artiste Yann Nguema


«Dans la seconde partie, il y aura beaucoup de tableaux avec davantage de rythme et de nombreux personnages comme le Graoully.»

À partir de ce vendredi 30 juin et durant tout l’été, la cathédrale sera illuminée tous les soirs. L’artiste Yann Nguema détaille son projet.

Metz propose, tout l’été, un son et lumière sous la forme d’une projection vidéo sur la cathédrale. Cette initiative de la municipalité de Metz s’inscrit dans ses évènements de l’été sous la bannière Constellations.

Le mapping vidéo? Pour ceux qui connaissent celui de la place Stanislas, à Nancy, nul besoin d’explications. Pour les autres, il s’agit de projeter, sur un monument, un film qui épouse ses reliefs et joue avec son architecture. Chartres avait ainsi recoloré sa cathédrale. Nancy anime les façades de sa place classée au Patrimoine mondial de l’Unesco, tous les soirs de l’été, du 17  juin au 17  septembre. Le mapping vidéo de Metz a été conçu par Yann Nguema, du groupe EZ3kiel.

Pour voir  : cathédrale Saint-Étienne, à Metz, les jeudis, vendredis et samedis (deux à cinq projections par soir). Du 30 juin au 31 juillet, dès 23h. Du 1er au 18 août, dès 22h30. Du 19 au 26 août, à 22h et 23h30. Du 27 août au 16 septembre, dès 21h30.

Il a reconstruit, à lui seul, la façade de la cathédrale Saint-Étienne de Metz en 25000 pierres… numériques. À la fois musicien, informaticien, réalisateur et metteur en scène, Yann Nguema est un artiste libre. Et unique, dans tous les sens du terme, puisqu’il est tout seul à imaginer et à concevoir les douze minutes du projet «Lux Animae – La lumière de l’âme».


Constellations : Yann Nguema va illuminer la… par republicain-lorrain

Mapping

«Je m’intéresse à l’image depuis très longtemps, mais je ne suis pas un professionnel du mapping. J’en fais seulement depuis deux ou trois ans. J’ai d’abord regardé ce qui existait. J’ai ainsi pu définir ce que je ne voulais pas faire. J’ai ensuite essayé de créer mes propres outils pour exploiter les lignes, chaque pierre d’un bâtiment. Je redessine intégralement ce canevas. Toutes ces courbes ne se transforment pas en pixels, parce que ce n’est ni carré ni rectangulaire, mais en de très petites formes. C’est cette « matière » que je mets en mouvement et en lumière pour raconter des histoires.»

Photo

«Je m’inscris dans des choses expérimentales et contemporaines, mais les municipalités sont encore un peu frileuses. Or, là, ce n’était pas le cas. Metz voulait quelque chose de très moderne, d’inventif et de technologique. Tout commence alors à partir d’une photo  : il me faut un mois et une semaine de dessin, à raison de deux heures par jour. Il me faudra environ trois mois de travail pour arriver aux douze minutes du spectacle.»

Logiciel

«Je fais partie depuis plus de 20  ans du groupe EZ3kiel. Chacun de nos projets a été, pour moi, l’occasion, de développer un logiciel pour accompagner visuellement nos performances sur scène, tout en essayant de nous libérer de l’offre du marché. Les logiciels du commerce savent tout faire, mais je préfère élaborer mon propre outil. Du coup, ça m’ouvre des portes, totalement originales et inédites.»

Émotion

«Avec EZ3kiel, il y a une certaine facilité à associer image et musique. On a, presque malgré nous, défini une patte et un univers bien à nous. Une atmosphère qui fait naître quelque chose d’unique. Pour les douze minutes du projet « Lux Animae – La lumière de l’âme », l’association des deux offrira quelque chose d’assez grandiose, de très fort pour le public d’autant plus que le groupe sera présent en direct, vendredi, sur le parvis de la cathédrale.»

Palette

«On voit très souvent des couleurs saturées ou du noir et blanc dans le mapping. Mais plus on a de puissance de projection, et ce sera le cas à Metz, plus on peut être subtil dans les nuances. Les moyens mis à ma disposition me permettent d’aller très loin dans cette création et ça m’enchante! J’aime beaucoup travailler avec des teintes désaturées qui ne se voient pas trop habituellement. En complément, j’ai imaginé un laser, c’est ma touche personnelle. Je le programme moi-même, avec mes lignes de code informatique, pour synchroniser le parcours de mon rayon exactement avec celui de l’image. Pour le moment, je suis, à ma connaissance, le seul à l’utiliser en mapping.»

Graoully

«En général, j’essaie de concevoir des tableaux sans forcément établir de trames narratives. Pour ce projet qui doit valoriser le patrimoine, j’ai énormément utilisé d’éléments figuratifs. La densité architecturale de la cathédrale Saint-Étienne m’a permis de faire bouger les pierres  : le public pourra ainsi y reconnaître, par exemple, un dragon, mais aussi de nombreux personnages historiques…»

Le Républicain lorrain