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Metz : il étrangle un policier


Au cri d' »Allahou Akbar », un homme en garde à vue s’est jeté, vendredi après-midi, sur son geôlier, dans l’enceinte de l’hôtel de police de Metz.

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Le gardé à vue avait demandé de l’eau et « paraissait très calme » avant d’en venir à agresser l’agent chargé des geôles. (Photo : archives RL)

Jusque-là, il s’était montré calme et conciliant. Jusque-là, il n’avait opposé aucune résistance, il n’avait fait preuve d’aucune violence. Jusque-là, il n’y avait pas de problème avec ce jeune homme de 23 ans, placé en garde à vue dans les locaux de l’hôtel de police de Metz depuis vendredi matin, pour une simple histoire de vol à la tire commis dans le quartier de la Gare.

Le policier chargé des geôles n’avait aucune raison de se méfier particulièrement. Lorsque le gardé à vue lui a demandé à se désaltérer, en début d’après-midi, l’agent a ouvert la porte pour lui donner un verre d’eau. « Et il lui a sauté dessus », explique le commissaire Dominique Rodriguez, directeur départemental adjoint de la Sécurité publique de Moselle. En criant « Allahou Akbar » d’après une note transmise vendredi soir à la direction centrale de la police nationale.

Le fonctionnaire a été surpris, l’homme a profité de la situation pour prendre le dessus. « L’agent s’est retrouvé sur le dos. Et l’individu s’est mis à l’étrangler à mains nues », décrit le commissaire.

Dans la salle des geôles, un système de sécurité permet de sonner l’alerte en cas de problème. Mais le policier n’est pas parvenu à appuyer sur le bouton d’alarme.

« Il y a aussi des images de vidéosurveillance transmises à deux endroits différents. C’est comme cela qu’un collègue a envoyé une équipe pour secourir la victime. » Il a fallu cinq hommes de la section d’intervention pour maîtriser le forcené d’origine turque.

Le policier étranglé s’en sort avec des marques au cou et cinq jours d’ITT. « D’après le médecin qui l’a vu, il s’en est fallu de quelques secondes », assure Michaël Philippart (SGP Police FO). Le parquet poursuit pour violences aggravées. « À la vue des images, je peux vous dire que l’individu n’avait pas envie de lâcher sa proie. Et a montré beaucoup de détermination à tuer. »

> L’agresseur hospitalisé à Jury

« L’agent est très choqué par ce qui s’est passé », note Dominique Rodriguez. En creusant le passé de l’agresseur, les policiers ont découvert des antécédents psychiatriques. « Il a fait plusieurs séjours à Jury. Et visiblement, cela faisait une quinzaine de jours qu’il ne prenait plus de cachets », indique le commissaire. L’hôpital spécialisé de Jury, c’est là que le jeune homme a été placé dans la foulée. N’est-ce qu’un illuminé ? L’enquête judiciaire devra le dire, même si elle s’est arrêtée pour le moment en raison de la santé psychologique de l’auteur. Le directeur départemental adjoint assure que l’incident sera analysé. « Le système de sécurité a fonctionné puisqu’une équipe est intervenue à temps. Mais cela doit nous interroger malgré tout. Nous gérons à Metz, chaque année, 1 200 gardes à vue. Et des problèmes peuvent arriver, le risque zéro n’existe pas malheureusement, malgré ce qu’on met en place. »

Des fonctionnaires se demandaient, vendredi, s’il était admissible qu’un seul agent se trouve à ce moment-là dans les geôles.

« Il n’y avait que deux gardés à vue qui n’étaient pas virulents. Un policier suffisait », estime Dominique Rodriguez. « On renforce le dispositif lorsque des individus posent problème ou s’il y a des manipulations comme la visite du médecin, par exemple. Là, il avait demandé de l’eau et paraissait très calme. » Jusque-là…

Kevin Grethen (Le Républicain Lorrain)