La police vient de mener des opérations ciblées dans le quartier de Borny et la commune de Woippy. Les armes ont trop parlé dans le secteur messin ces dernières semaines pour ne pas provoquer de réactions.
Les opérations ont été menées dans la plus grande discrétion. À deux reprises, la police a frappé au cœur de Woippy et de Metz-Borny. Les unités ont visité des caves et ouvert des coffres de voitures. Elles cherchaient des armes. Celles qui ont trop souvent retenti dans l’agglomération messine ces dernières semaines. Dans le quartier messin du Sablon, à la Grange-aux-Bois, à Bellecroix et à Woippy, des personnes ont été blessées. Une jeune femme de 22 ans y a laissé sa vie, à Metz-Nord. Pour rien. Dans ce tableau sanglant, on ne peut pas oublier les autres coups de feu qui ont claqué sans faire de victime…
Il a forcément été question de ces fusillades mercredi, à l’issue de l’état-major de la sécurité qui s’est tenu à la préfecture. Les chiffres de la délinquance sont globalement satisfaisants (lire ci-dessous).
« Nous ne sommes ni à Chicago, ni à Marseille »
Mais dans la population s’est diffusé un sentiment d’insécurité et une certaine incrédulité que ne peuvent pas mesurer de simples statistiques. Le sentiment que chacun sort son arme à la moindre contrariété. Sentiment ou réalité? « Avant, les armes étaient réservées à une certaine élite parmi les délinquants. Aujourd’hui, elles sont entre les mains de jeunes qui peuvent vite perdre leur sang-froid », confiait récemment un enquêteur spécialisé.
« Je comprends le trouble provoqué. C’est malheureusement une réalité qui n’est pas propre à la Moselle , a répondu mercredi le préfet, Nacer Meddah . Nous avons analysé chaque affaire récente et toutes ces histoires sont différentes. Il y a eu une concentration exceptionnelle en l’espace de très peu de temps. »
Il n’y aurait donc pas de phénomène « lié à des différends entre gangs. Nous ne sommes ni à Chicago ni à Marseille. Il faut garder une certaine mesure face à ces faits. On les prend très au sérieux évidemment. Toutefois, Metz n’est pas un terrain de jeu pour bandes rivales. »
«Nous allons mener d’autres opérations»
Metz est néanmoins une terre où les armes circulent et sont accessibles facilement pour quelques centaines d’euros. « Les armes sont une priorité , annonce l’inspecteur général, Hervé Niel, le directeur de la sécurité publique pour la Moselle et la zone Est. C’est pourquoi nous avons déjà agi à Woippy et dans le quartier de Borny. »
Renforcée par un chien spécialisé de la gendarmerie, la police a saisi des stupéfiants et des scooters trafiqués. Mais pas de 9 mm ou de fusil-mitrailleur. Lors de leurs récentes opérations coup de poing à Behren-lès-Forbach, les gendarmes n’ont pas été plus heureux en la matière. « Ces armes circulent, se prêtent dans un certain milieu , poursuit le patron des policiers. Mais nous allons continuer. Et mener d’autres opérations. »
Une façon d’inverser la tendance et de créer, cette fois, l’insécurité chez les malfrats…
Kevin Grethen (Le Républicain lorrain)
Nette baisse des cambriolages
L’action des services et l’arrestation de « belles équipes » ont fait chuter le nombre de vols par effraction en Lorraine au cours des six premiers mois de l’année. En Moselle, les cambriolages ont baissé de 27 % par rapport à l’an dernier, en zone gendarmerie. En zone police, la baisse atteint les 10 %. « C’est très net en ce qui concerne les résidences principales, rapporte l’inspecteur général, Hervé Niel, patron de la sécurité publique en Moselle. C’est vraiment une tendance intéressante. » Trois points appellent « à la vigilance », dixit le préfet Nacer Meddah.
Le premier : les accidents de la circulation. Comme toujours. « Malheureusement, nous avons subi quatre morts de plus que l’an dernier à la même période », regrette le préfet. Les vols liés à l’automobile sont un autre sujet de préoccupation. Des équipes sont spécialisées dans les pots catalytiques, qui contiennent des matières précieuses.
D’autres dérobent des véhicules « pour les envoyer très rapidement sur les marchés de l’est de l’Europe », indique le général de corps d’armée Jean-Régis Véchambre, commandant la région de gendarmerie de Lorraine. « Les Renault Mégane sont en ce moment particulièrement visées », poursuit le préfet.
Dernier point sensible : la zone de sécurité prioritaire de Behren-lès-Forbach. Les forces de l’ordre cherchent actuellement un jeune homme évadé d’un centre éducatif fermé. Caché dans le quartier par des complices, il serait pour beaucoup dans les troubles et les caillassages qui secouent le secteur. « Une fois qu’on l’aura, ça ira mieux », prévient le lieutenant-colonel Frottier, adjoint au commandant du groupement de la Moselle.
K. G .