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Metz : à la cave, le père emprunte sur le dos de son fils


(Illustration : Archives RL)

Coincé aux entournures et pressé par ses créanciers, Olivier maquille ses propres feuilles de salaires pour contracter des crédits.

Il s’est servi de la confiance que son fils avait pour son père », rouspète Me Alexandre Marchand. Soutien de la partie civile de Sylvain, l’avocat fustige la mauvaise idée d’Olivier, le paternel, d’avoir usurpé l’identité de son client pour leurrer deux organismes de crédit, et le mettre dans la panade en empruntant un total de 7 000 € en 2013.

La tête sous l’eau

« Il n’en est pas à son coup d’essai », retient le plaideur. Le casier du prévenu est tatoué d’une condamnation pour escroquerie en 2008. Olivier, 52 ans, repique au truc pour se sortir d’une passe délicate. Son salaire ne suffit plus à rembourser 6 000 € d’une première salve d’emprunts en plus d’arriérés de loyers.

Il lui faut pourtant de l’argent pour soulager la pression des créanciers. Il aurait pu consulter un avocat pour s’engager dans une procédure de faillite personnelle, soulève Me Marjorie Épiscopo. Mais il ne l’a pas fait, déplore sa défense. « La tête dans l’eau, il a essayé de faire de la trésorerie », plaide l’avocate.

La cavalerie

La méthode de son client tient non seulement en une cavalerie, mais aussi au fait qu’il en a fait supporter le poids à son fils en « empruntant » son identité. Elle a servi à maquiller ses propres feuilles de paie pour obtenir des crédits qui lui auraient été refusés sous son nom. Lorsque le système est découvert, Olivier n’est pas le seul embarqué dans la tourmente.

La gendarmerie soupçonne Sylvain de complicité. Pourtant, il n’a touché aucune somme. En revanche, son père a utilisé une procuration sur le compte du fiston pour retirer le crédit versé, explique le parquet qui veut 6 mois d’emprisonnement ferme et un mandat de dépôt pour amener le prévenu à enchaîner sa peine à la suite de celle qu’il purge actuellement dans le cadre d’une autre affaire.

Quantum élevé

Le quantum est trop élevé pour Me Épiscopo qui verrait beaucoup mieux un sursis intégral avec mise à l’épreuve. Les établissements financiers n’ont pas été lésés. Les parents d’Olivier ont mis la main à la poche pour boucher les trous.

Le tribunal prononce finalement les réquisitions et accorde 1 500 € de préjudice moral au fils qui en réclamait 3 500 €.

Frédéric Clausse (Le Républicain Lorrain)