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Metz : 450 euros d’amende si vous nourrissez les pigeons


Le Nouveau port est une des principales zones de la ville où sont capturés des pigeons. (Illustration : RL)

Il y a trois manières de lutter contre les pigeons. On les tue, on limite leurs naissances ou on cesse de les nourrir. De son côté, la Ville de Metz va adopter une amende à 450 € contre les « nourrisseurs ». Pour stériliser ses pigeons, elle cherche des volontaires. Le point.

Il y a cinq ans, un employé municipal était chargé de capturer les pigeons de Metz. Puis couic, il leur tordait le cou. Le geste était rapide, efficace, peut-être un chouïa barbare aux yeux de certains. La pratique avait provoqué le trouble. Car le pigeon est clivant. Il a ses détracteurs et ses partisans. Depuis, ledit employé a été affecté à un autre poste, moins morbide, et l’association des piégeurs mosellans chargée de capturer les pigeons messins.

À la louche, ceux-ci sont toujours aussi nombreux, sur les toits de la ville, entre le Sablon et Borny, l’Ancien et le Nouveau Port. Pas davantage, mais pas moins nombreux. Combien ? Difficile à évaluer. Une chose est sûre : ils peuvent générer des nuisances. Pour les bâtiments, rongés et maculés par les fientes, mais aussi pour les humains. Car un pigeon de ville est un nid à microbes, bactéries et virus, – pour lui bien plus que pour l’homme, puisque les cas de transmission sont rares. Son espérance de vie ne dépasse pas les trois ans, contre dix-sept pour le ramier des champs.

Maintenant, comment faire pour limiter leur nombre ? Il y a le piégeage ( voir ci-contre ). Grosso modo, les experts en capturent entre 500 et 600 par an dans des cages. Et après ? « On ne sait pas, les piégeurs s’en occupent », élude la Ville. Une campagne peut réguler un quartier. Mais pour capturer un volatile, il faut pouvoir accéder aux greniers, à tous les lieux où les oiseaux se nichent, souvent par dizaines. « Nous adressons des mises en demeure aux propriétaires » pour qu’ils fassent des travaux, résume Jean-Louis Lecocq, adjoint en charge de l’hygiène publique. Mais on le sait, il y a beaucoup de logements insalubres sur Metz.

Faire appel à un fauconnier est une fausse bonne solution. Elle coûte cher, « 12 000 € les 20 jours », selon la Ville, pour un résultat peu probant : les pigeons fuient, s’installent ailleurs et reviennent une fois le danger écarté…

On peut aussi attendre qu’un couple de faucons s’installe en ville. Celui de la cathédrale, arrivé en 2009, a tenu trois ans avant de quitter les lieux, perturbé par les travaux.

Le pigeonnier contraceptif alors ? La solution peut séduire les amis des animaux. Le principe est intéressant : un seul lieu pour regrouper les nichées et les œufs sont percés à chaque ponte, pour réduire peu à peu la population. « Le projet est passé à la trappe pour une question de budget, reconnaît Jean-Louis Lecocq. Le maire refuse que cela induise un coût de fonctionnement pour la Ville. » Mais elle voudra bien subventionner une association qui s’en occuperait. À condition de trouver des bénévoles, ou des contrats d’insertion, prêts à grimper tous les jours dans des pigeonniers. Car bien sûr, un seul ne suffirait pas.

Il reste l’ultime solution : couper les vivres aux pigeons. Lors du prochain conseil municipal du 6 juillet, les élus pourront adopter la nouvelle amende maximale de 450 € contre les « nourrisseurs » de pigeons. « Ce n’est pas une histoire de savoir si c’est bien ou mal de nourrir les pigeons, souvent les gens sont de bonne foi. Mais pour l’intérêt collectif, c’est mieux », poursuit Jean-Louis Lecocq. Pour les volatiles aussi, d’ailleurs : le pain crée une addiction, gonfle leurs estomacs et les rend malades. La campagne d’information sera lancée de juillet à novembre. Elle ne remplira peut-être pas les poches de la mairie, puisque les flagrants délits seront sans doute rares. Mais, comme pour les déjections canines, la Ville compte sur le contrôle social.

Olivier Jarrige (Le Républicain Lorrain)