Un homme de 29 ans est poursuivi devant le tribunal de Thionville pour corruption de mineurs. Les victimes adolescentes dénoncent l’envoi répété de messages à caractère sexuel. Le prévenu, lui, parle d’échanges virtuels. Mais leurs conséquences sont bien réelles.
Il a 29 ans, il vient d’être papa, il travaille au Luxembourg. Il comparaissait mardi 3 septembre devant le tribunal correctionnel de Thionville pour corruption de mineures. Grand, brun, cheveux mi-longs, lunettes sur le nez, jogging et baskets aux pieds, il reconnaît avoir échangé avec deux adolescentes sur le réseau social Instagram, pendant plusieurs mois. « C’était simplement des messages, ça reste virtuel », croit-il.
Les conversations ont vite pris un caractère sexuel. « Vous savez, l’ego d’un homme… », tente-t-il de justifier. Il s’adresse à deux jeunes filles qu’il n’a pas choisies par hasard. Il connaît leur famille, leur oncle, leur père, leur frère. Il les croise au stade le dimanche à Metzervisse. Mais il ne leur parle que par écran interposé. Il les complimente sur leur physique, envoie des photos suggestives, les interroge sur leur virginité, réclame des images de leurs corps dénudés. Il enverra même une vidéo de ses ébats filmés avec sa petite amie du moment.
Les ados ont fini par briser le silence qu’il leur demandait pourtant de garder. Car les conséquences sur les victimes sont, elles, bien réelles. Les deux jeunes filles ont accepté de témoigner lors du procès. Elles racontent qu’elles se sentaient épiées. « Je ne sortais plus de peur de le croiser », confie l’une d’elles.
Décision rendue le 1ᵉʳ octobre
« On est deux dans une conversation », se défend le prévenu. À la barre, il préfère parler de lui. « J’essaie de reprendre ma vie en main. J’ai dû partir », se plaint-il. « J’ai peut-être fait quelque chose d’horrible mais ce que je vis, je ne le souhaite à personne. » Le garçon évoque notamment des menaces dont il fait l’objet depuis la révélation des faits.
Sa réaction ne convainc pas le ministère public. Au contraire. « Monsieur n’a aucune prise de conscience de ses actes », déplore la substitut du procureur. Elle requiert deux ans de prison dont un an avec sursis assorti d’une interdiction de contact avec les victimes et d’une obligation de soins. Enfin, elle demande que le prévenu soit écarté de toute activité avec des mineurs pendant dix ans et son inscription au fichier judiciaire des auteurs d’infractions sexuelles. « Des réquisitions terribles », selon la défense. « Cela donne l’impression qu’on est en train de juger un pédophile », s’emporte l’avocat de la défense, Me Pawlik. Il plaide une peine moins lourde et balaie la demande de prise en charge psychologique.
Le tribunal rendra sa décision le 1ᵉʳ octobre.