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Menacé par les talibans, un Messin bloqué en Afghanistan après avoir voulu sauver son frère


Une manifestation de soutien au peuple afghan était organisée à Metz vendredi. (Photo d’illustration RL /Karim Siari)

Un Messin parti en Afghanistan pour rapatrier son frère menacé par les talibans se retrouve aujourd’hui bloqué. À Metz, sa compagne lance un cri d’alarme.

C’est une histoire dans l’Histoire. Une parmi d’autres, parmi beaucoup d’autres. C’est celle de Nour (*), un jeune homme qui vit à Metz depuis cinq ans. Originaire d’ Afghanistan , il bénéficie en France de la protection subsidiaire accordée aux étrangers menacés dans leur propre pays. En 2015, les talibans ont assassiné son père, policier. Ils ont tenté de l’enrôler avant qu’il ne prenne la fuite. En représailles, les barbares aujourd’hui aux commandes de l’Afghanistan ont alors lâchement tué sa mère et trois de ses frères et sœurs.

Aux drames ont succédé les galères, pour Nour. La fuite, l’arrivée en France, la rue, la misère, le camp de Blida. Et puis la lumière. Grâce au formidable travail de l’association Caritas , il apprend le français, puis trouve un apprentissage, travaille dur pour se faire une place. Et puis il rencontre Marie (*). Ils tombent amoureux, s’installent ensemble. C’est l’espoir d’une vie meilleure, loin de la guerre, loin de la mort. Mais dans un coin de sa tête, Nour pense à son petit frère, rescapé du massacre. Comme lui, il a réussi à échapper aux talibans. Mais il est resté en Afghanistan, sur un territoire contrôlé par l’armée afghane avec le soutien des Américains. « Pendant des années, il n’a eu aucune nouvelle de son frère, témoigne Marie. Mais il a fini par retrouver sa trace. »

Parti pour secourir son frère

Spectateur de l’avancée inexorable des talibans vers Kaboul, Nour décide alors d’aller le chercher. Nous sommes en juillet. Ils conviennent de se rejoindre en Iran. À ce moment, tout le monde sait que la prise de Kaboul est inéluctable, mais personne ne l’imagine aussi rapide. Le temps presse, et le petit frère ne parvient pas à rejoindre l‘Iran. Les frontières sont hermétiques, déjà. Ses appels à l’aide ne laissent pas de répit à Nour, qui l’attend de l’autre côté. Nour se résout alors à l’irréparable : il entre en Afghanistan récupérer son petit frère… Tenter l’impossible, en fraternité.

Sur place, Nour retrouve son petit frère, mais il est déjà trop tard. Les talibans sont entrés dans la capitale. « Ils ont essayé de rejoindre l’aéroport, mais c’était le chaos, raconte Marie, bouleversée. Chaque jour, chaque nuit, j’ai attendu le message dans lequel il me dirait être monté dans un avion. Il n’est jamais arrivé. Pourtant, j’ai passé des dizaines de coups de fil au ministère des affaires étrangères, j’ai pleuré, je les ai suppliés d’agir… » Nour et son frère ne font pas partie des 2 600 Afghans évacués par la France dans les jours qui ont précédé le retrait des Américains.

Cachés dans un village afghan

Aujourd’hui, ils se cachent quelque part dans un village afghan. Ils ont tenté de s’approcher des frontières, sans succès. De son côté, Marie active tous les leviers possibles. Elle a contacté l’eurodéputée Nathalie Colin-Oesterlé. Avec l’aide de Raphaël Pitti, celle-ci a alerté à son tour le Quai d’Orsay. « Nous avons la certitude qu’il figure sur la liste des personnes que la France souhaite évacuer, indique la parlementaire. Ils ont son numéro. Mais à ce jour, il n’existe aucun moyen de les faire sortir. » « Le Qatar sert d’intermédiaire dans la négociation ouverte avec les talibans afin de reprendre les évacuations via l’aéroport civil, complète Raphaël Pitti. Dans l’attente de l’issue de ces négociations, ils conseillent aux personnes qui figurent sur cette liste de se cacher. »

« Mais attendre, se cacher, c’est tout aussi dangereux que de tenter de fuir », s’alarme Marie. Chaque fois que Nour allume son téléphone pour la contacter, il prend le risque d’être localisé par les talibans. Elle baisse les yeux pour retenir ses larmes : « Il faut le sortir de là le plus vite possible. »

(*)Pour ne pas compromettre la sécurité des personnes, les prénoms ont été modifiés.

Anthony Villeneuve (Le Républicain Lorrain)

2 plusieurs commentaires

  1. Mais qui est donc Anthony Villeneuve pour qu’il puisse qualifier les Talibans de « barbares » dans un texte qui se veut rapport objectifs de faits? A-t-il été en Afghanistan et leurs a-t-il parlé pour arriver à un tel jugement? A-t-il lu leurs textes politiques, leurs programmes pour arriver à cette conclusion? A-t-il jamais essayé de comprendre les événements qui ont permis aux Talibans la prise de pouvoir dans les années 90? Connaît-il les différences entre les Talibans d’antant et la nouvelle génération?

    M. Villeneuve émet un jugement sur ce qu’il a lu dans les journaux et les livres. La majorité de ces auteurs n’a jamais vu l’Afghanistan de près. M. Villeneuve émet un jugement personnel qu’il érige en valeur universelle. Voilà le problème.

    Pour une bonne partie de la population rurale, d’orientation traditionnelle voire conservateur dans ses valeurs, les Talibans ne sont nullement des barbares mais des représentants de la pure tradition pashtoune. Certes, il ne faut pas aimer ou partager ces valeurs. De là à qualifier les Talibans et les milieux qui les soutiennent de barbares relève d’une arrogance occidentale qu’on n’observe que trop souvent. Pourquoi ne pas tout simplement érire « les Talibans » comme dans le reste du texte? Cela auraitété si simple.

  2. Un Messin…????… ??????