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Menacé d’expulsion par le diocèse


Selon Rodolphe Helsly, le presbytère de Mexy lui aurait été loué par le biais d'un bail avec loyer de zéro euro, avant que le diocèse de Nancy ne menace le trentenaire d'expulsion. (photo RL)

Menacé d’expulsion par le diocèse de Nancy, Rodolphe Helsly a fini par quitter le presbytère qu’il occupait à Mexy. L’homme de 32 ans veut porter plainte pour procédure abusive et illégale. L’affaire est suivie par le tribunal de Briey.

« L’une des affiches de leur campagne pour l’appel aux dons dit  : Le (par) don, pour la justice et la paix. Mais où est la justice dans cette procédure ? » Assis dans son fauteuil roulant, Rodolphe Helsly est amer vis-à-vis du diocèse de Nancy. Visé par une procédure d’expulsion lancée devant le tribunal de Briey, l’homme de 32 ans a préféré quitter le presbytère de Mexy, près de Longwy. La maisonnette lui aurait été proposée dès l’été 2015.

Assistant paroissial du père Gérardy, le trentenaire logeait auparavant au presbytère de Villerupt. Il s’est vu contraint de déménager lorsque le curé a été muté. Son dossier aurait alors eu « un peu de mal à passer » auprès d’autres propriétaires. Selon ses dires, l’association diocésaine est alors intervenue en sa faveur, lui proposant le logement mexéen. Mais uniquement pour un an, avant qu’un autre prêtre n’y prenne ses quartiers. Rodolphe Helsly exhibe d’ailleurs un contrat de bail avec un loyer de zéro euro, marqué d’un cachet officiel.

Période hivernale

« C’est une pratique courante pour le diocèse de loger gratuitement des personnes vulnérables , constate Me Caroline Depretz, l’avocate de Rodolphe. Mais il y a toujours une contrepartie  : faire le ménager ou cuisiner pour le prêtre par exemple. »

Dans le cas présent, il s’agirait de menues opérations de rénovation. Évoquant l’entraide chrétienne, le principe n’aurait pas choqué Rodolphe Helsly… Ce dernier aurait investi « environ 1  500 euros pour les enduits et la chaudière, et 300 euros pour la plomberie. Mais au moment où je terminais les travaux, en octobre, j’ai reçu un premier courrier m’indiquant que le diocèse avait appris, par hasard, que je vivais là! » Stupéfaction pour l’occupant des lieux… « La lettre disait que j’avais quinze jours pour partir. »

Délivré par un huissier, l’acte officiel est arrivé quelques mois plus tard, le 11 janvier. Entre-temps, Rodolphe Helsly assure avoir subi des « pressions ». Elles l’auraient finalement amené à quitter la maisonnette de Mexy. Et ceci en dépit du fait qu’il soit contraint, depuis l’automne, d’utiliser un fauteuil roulant pour se déplacer, en raison de « graves problèmes de santé ».

Aujourd’hui, son conseil dénonce la méthode employée par l’association diocésaine. «N’importe quel autre locataire aurait été traité différemment , estime M e Depretz. Cette procédure civile en expulsion a été réalisée sans respect des dispositions légales, de la maladie de mon client… et surtout, en toute violation de la période hivernale! » Selon la loi, même si un manquement du locataire avait été constaté, ce dernier n’aurait pu être expulsé avant le 31 mars.

En raison de ces divers motifs, l’avocate réclame désormais 12  000  euros au diocèse de Nancy. Représentant cette autre partie, M e Bruno Codazzi n’a pas souhaité s’exprimer sur le litige en cours. Le dossier sera à nouveau évoqué au tribunal de Briey à l’audience de ce lundi 25 avril.

Xavier Jacquillard (Le Républicain lorrain)