Après avoir manqué de peu son entrée au Bundestag en 2013, l’AfD compte rectifier le tir le 24 septembre. À Trèves, où elle représente la troisième force politique, elle a tenu un meeting, vendredi.
Périmètre de sécurité autour de la célèbre Porta Nigra, forces de police en nombre et sur le qui-vive, tireurs embusqués dans les arcades du monument datant de la Rome antique, slogans de contre-manifestants évoquant leur rejet d’un retour au IIIe Reich : le meeting du jeune parti Alternative für Deutschland (AfD) s’est déroulé dans une ambiance particulièrement tendue, vendredi.
Plusieurs ténors du parti, à l’échelle tant régionale que fédérale, avec la présence d’Alice Weidel, l’une des deux têtes de liste du parti au niveau fédéral (avec Alexander Gauland), ont nargué, durant plus d’une heure et demie, les centaines de contre-manifestants tenus à distance par la police derrière des barrières installées à cet effet à quelques mètres de là.
Le ton était donné d’entrée par Erwin Ludwig, candidat direct pour la circonscription 203 de Trèves, ainsi que par Uwe Junge, président de la section régionale AfD et chef de la fraction parlementaire AfD au parlement de Rhénanie-Palatinat, un groupe qui compte, depuis les régionales de 2016, 14 sièges sur 101, grâce à un score de 12,6%. «Si l’AfD a percé et est devenu aussi fort en si peu de temps, c’est parce que nous ne sommes pas des politiciens de carrière, mais des citoyens issus des classes moyennes de la société et que nous sommes proches des citoyens», ont-ils déclaré à l’unisson. Avant, pour les deux politiques, de décrier «les anciens partis établis qui veulent ruiner l’Allemagne».
AfD : «Nous ne sommes pas des nazis !»
Après diverses piques envoyées en direction de Martin Schulz (SPD), mais aussi des Verts (Grüne) et des libéraux (FDP), les deux orateurs de l’AfD, rejoints par Sebastian Münzenmaier (tête de liste pour le Land) et Alice Weidel (l’une des deux prétendantes AfD pour le Bundestag), se sont attaqués à la CDU. La chancelière sortante, Angela Merkel, a ainsi été la cible privilégiée des populistes de l’AfD, qui ont critiqué sans ambages sa politique d’ouverture aux réfugiés. «Un scandale pour l’Allemagne !», s’est emportée Alice Weidel avant d’étendre son discours antiréfugiés à un plaidoyer global antiétrangers, en pointant du doigt tous les musulmans, «le sultan Erdogan» y compris. Et ce faisant, en amalgamant à souhait islam et terrorisme. «L’islam n’appartient ni à l’Allemagne ni à l’Europe. Il n’y a pas sa place !», s’est-elle littéralement époumonée, à travers des haut-parleurs crachant des centaines de décibels à plus d’une centaine de mètres à la ronde.
De quoi faire enrager les contre-manifestants, qui ont riposté en montant encore d’un cran le volume sonore de leurs «Nazis raus ! Nazis raus !». Mais pas de quoi impressionner le moins du monde Sebastian Münzenmaier, qui a défendu son parti en ces termes : «Ces 12 ans de honte (1933-1945) sont une réelle honte pour notre pays. Nous ne cautionnons pas cette période. Nous ne sommes pas des nazis !»
Inutile de préciser que l’escalade rhétorique entre les deux camps, uniquement séparés par un cordon de sécurité de quelques mètres de large, n’a fait qu’exacerber les vives tensions. Le clou de la joute verbale aura peut-être été atteint lorsque l’un des orateurs a lancé aux contre-manifestants : «Vous êtes des communistes, des gauchistes du SPD, des Verts, de la CDU… En clair, vous êtes tout, sauf de vrais Allemands !»
Fort heureusement, la police a pu relativement bien contenir les ardeurs des quelques manifestants qui voulaient en découdre avec les dirigeants de l’AfD. Tandis que certains partisans du parti populiste ont préféré prendre leurs jambes à leur cou et s’enfuir dans la nuit à peine le meeting terminé.
A Trèves, Claude Damiani
Reportage à lire en intégralité dans Le Quotidien papier du lundi 4 septembre