Piégé par les déchirements internes, le socialiste met un bémol à sa volonté d’occuper la présidence du groupe à la Région. Tout en cherchant une traduction politique à son score électoral.
Avez-vous avancé, au PS, dans la désignation à la présidence du groupe à la Région ? Êtes-vous toujours candidat ?
Jean-Pierre Masseret : « La situation a été rendue difficile en raison de l’ostracisme concernant ma personne. J’en ai été surpris et blessé. Je ne vois pas en quoi je suis illégitime et ce qui me vaut d’être frappé d’une telle interdiction de responsabilité. Mais dès lors où moi-même et ceux qui m’ont suivi n’ont pas été exclus du PS, il faut éviter le ridicule de deux groupes socialistes à la Région. »
Une présidence tournante ?
« Je n’y crois guère. Il nous faut établir un acte de confiance dès le départ, de façon à être utile. Toutefois, pourquoi ne pas réfléchir à un système qui valoriserait l’implication des femmes dans le fonctionnement du groupe ? »
Rétrospectivement aucun regret ?
« Aucun. Je préfère dix-neuf élus socialistes à zéro. J’ai toujours dit que nous irions jusqu’au bout. Je l’ai répété jeudi 3 décembre en meeting à Strasbourg en présence de Stéphane Le Foll. Or, depuis qu’il était acté que la gauche partait divisée à la bataille, nous savions que nous serions 3e au soir du 6 décembre. »
Reste à recoller les morceaux.
« C’est l’affaire de quelques jours. Ma responsabilité, c’est d’arriver à cette jonction entre ceux qui voulaient le maintien au second tour et ceux qui ne le voulaient pas. Il faut faire baisser la température. Je n’ai rien contre Pernelle Richardot, ni contre Julien Vaillant. Jusqu’au 6 décembre nous avons travaillé ensemble, défendu le même projet qui, je le note au passage, a inspiré depuis Philippe Richert, notamment sur la proximité de l’institution et sur la revendication à expérimentations en matière de traitement du chômage. Au sein de l’assemblée nous devons nous poser en opposition vigilante, soucieuse de faire des propositions. »
Quel pourrait être votre rôle ?
« Ma préoccupation, c’est de trouver un débouché politique à cette réalité sortie des urnes. Maintenir une relation de confiance avec ces électeurs qui ont voté pour nous alors que beaucoup boudaient les bureaux de vote depuis 2012. Si j’ai été désobéissant à l’endroit du PS, j’ai été légitimé par le corps électoral. Aujourd’hui, il nous faut rabouter ceux qui ont voté pour nous au 1er tour et ceux qui nous ont rejoints le dimanche suivant. Rabouter sans exclure personne. Si je ne parviens pas à résoudre vite cette équation, je poserai mon sac. »
Comment analysez-vous la désignation de Valérie Debord (LR) en charge de la Lorraine à la tête de l’exécutif ?
« Depuis l’abbaye Saint-Clément à Metz, elle sera l’œil de Rossinot et de Sarkozy, dont elle est depuis hier la porte-parole. Elle pourra tout à la fois surveiller Patrick Weiten mais aussi Dominique Gros. C’est ni plus ni moins qu’une mise sous tutelle de l’agglomération de Metz et du conseil départemental. Les Messins devraient comprendre qu’André Rossinot a une longueur d’avance sur tout le monde. »
La majorité Richert se plaint des freins de votre administration dans la transmission des pièces administratives. Avez-vous donné des consignes en ce sens ?
« C’est de la blague. Nous avons toujours collaboré dans un esprit constructif. Peut-être certaines demandes ont-elles interférées avec la campagne alors que les résultats n’étaient pas acquis. Alors là, oui, il ne peut pas y avoir d’hégémonie de l’Alsace, et je souhaite que l’organisation administrative de la nouvelle Région le traduise. »
Propos recueillis par Xavier Brouet