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Mars-La-Tour/Labry : la colère ne retombe pas dans les Ehpad


Après une première manifestation le 30 juin, jeudi à 14 h 30, une soixantaine de manifestants issus du personnel des Ehpad de Mars-la-Tour et de Labry ont une nouvelle fois donné de la voix.

Après des allocutions visant la direction et une minute de silence en hommage aux résidents décédés de la Covid-19, les manifestants ont marché vers la mairie de Mars-la-Tour au son du slogan « Direction démission ».

Les habitants observaient sur le pas de leur porte.

Une délégation a été reçue par le maire qui s’est dit solidaire mais ne peut rien faire puisqu’il n’est pas président du conseil d’administration de l’Ehpad. Les manifestants ont décidé d’aller demander la démission de la directrice le  jeudi 16 juillet à l’ARS à Nancy.

On se souvient que dans l’Ehpad de Mars-La-Tour le coronavirus avait emporté, entre le 2 et le 17 avril, 22 résidents sur la cinquantaine que comptait l’établissement.

RL/LQ

Ehpad de Mars-la-Tour : « La direction a tout caché »

« Ma mère avait Alzheimer. Elle était âgée de 90 ans. Aujourd’hui, je devrais être soulagée qu’elle ne souffre plus. Qu’elle ait rejoint, là-haut, tous les gens qu’elle aimait. Et pourtant, je suis en colère. Contre une direction qui nous a tout caché », soupire Chantal Schang, de Labry. Elle est la fille d’Irène Marçon, décédée le mercredi 15 avril à l’Ehpad Saint-Dominique de Mars-la-Tour (Meurthe-et-Moselle).

Cette maison de retraite a été l’une des plus touchées du Grand Est par le coronavirus. Entre le 2 et le 17 avril, 22 des 51 résidents de Mars-la-Tour sont décédés avant que les autorités sanitaires n’interviennent à partir du 14 avril. « À chaque fois que j’appelais, on me disait qu’elle allait bien. Le 30 mars, j’ai dû insister et insister encore pour qu’on me dise qu’elle avait été placée dans le secteur Covid-19. Le 14 avril au matin, tout allait encore bien selon le personnel que j’avais au téléphone », assure Mme Schang, très éprouvée.

En réalité, derrière les murs de l’Ehpad, le virus flambe : il y a parfois deux ou trois morts par jour entre le 2 et le 17 avril. À l’extérieur, seul le ballet des pompes funèbres indique qu’il se passe quelque chose d’exceptionnel dans la maison de retraite vieillissante. « Ma mère décède le 15 avril, peu après minuit. Elle a été placée en soins palliatifs le 14 dans l’après-midi mais je ne l’ai jamais su. Et le 15 au matin, c’est dans le journal que j’apprends qu’il y a 16 morts à l’intérieur », insiste Chantal Schang. Dans son courrier du 22 avril à l’Ehpad avec copie à l’Agence régionale de santé (ARS), elle interroge : « Pourquoi avez-vous caché cette tragédie ? De quelle manière ma mère est-elle décédée ? A-t-elle souffert ? Ces non-dits sont dévastateurs ! Si la direction avait eu un peu d’empathie, cela ne serait pas arrivé, pas comme ça. Un Ehpad devrait être un havre de paix pour nos aînés et non un mouroir. Les salariés étaient déjà à flux tendu avant la crise. »

Les accusations sont lourdes contre Stéphanie Remiatte, qui dirige les deux établissements de Mars-la-Tour et Labry (pas de mort du Covid-19), qui a fait face en début de semaine à la fronde des salariés de ce second établissement . « J’ai répondu à Mme Schang dès le 6 mai et je lui ai dit que je pouvais comprendre sa colère. Mais je ne laisserai pas dire que Mars-la-Tour est un mouroir », assure-t-elle. Depuis le début de la crise et les premières critiques, elle maintient son choix « de ne pas communiquer le nombre de morts quotidiens aux familles » au fur et à mesure de l’épidémie. « Cela aurait ajouté de l’anxiété. Nous l’avons décidé avec le médecin-coordonnateur. Pour ce qui est du passage en soins palliatifs de Mme Marçon, l’information médicale est du ressort des infirmières et du médecin. » Dans sa réponse du 6 mai, la directrice rappelle que Mme Marçon a séjourné sept ans à Mars-la-Tour. « Je crois qu’elle y a passé aussi des bons moments et que, malgré ce contexte, l’établissement ne mérite pas d’être qualifié de mouroir. »

Alain Morvan (Le Républicain lorrain)