L’ancienne députée Marie-Jo Zimmermann se remet de sa défaite aux législatives en poursuivant son combat de toujours : l’égalité hommes-femmes.
L’ancienne députée messine revient du Canada, où elle était l’invitée phare d’une conférence organisée par Gouvernance au féminin.
On l’avait quittée aux urnes guettant fébrilement le résultat des législatives, avant que la défaite ne la cueille par surprise. On retrouve Marie-Jo Zimmermann de retour du Canada, plus que jamais reconnectée à ses premières amours…
Silence radio depuis votre défaite de moins de deux points aux dernières législatives, en juin dernier. Comment allez-vous?
Marie-Jo Zimmermann : Je vais très bien! Ceux qui ont pu penser que j’étais « morte » (sic) peuvent être rassurés. Pour tout vous dire, je perdais mon mandat de députée le dimanche et le mardi, j’étais déjà sur les quatre chemins, rattrapée par toutes ces femmes auprès desquelles je me suis toujours battue pour l’égalité. Les invitations arrivent de partout alors je m’investis à nouveau dans ce combat qui m’a toujours tenue très à cœur.
Justement, vous voilà de retour du Canada. Un voyage en rapport avec cette loi de 2011 portant votre nom (loi Copé-Zimmermann) contraignant certaines entreprises à composer leur conseil d’administration d’au moins 40 % de femmes. Les Canadiens souhaitent-ils légiférer dans ce sens ?
Caroline Godsi, présidente de Gouvernance au féminin, une association québécoise en charge de la promotion des femmes en entreprise, souhaitait rencontrer une parlementaire qui a fait légiférer sur ce sujet. De son côté, au Québec, cette femme fait avancer les choses mais pas assez vite à son goût. Et il y a une réelle volonté, au niveau fédéral, d’aller vers la parité. En cinq ans, la France est passée de 12 à 40 % de femmes siégeant dans les conseils d’administration, grâce à la loi Coppé-Zimmermann, tandis que le Canada est à moins de 16 %! Il y a bien une loi qui prône un salaire égal à travail égal entre les hommes et les femmes au Canada, sauf qu’elle n’est pas contraignante.
Le magazine Femme actuelle a été ma meilleure tribune!
À quelle occasion avez-vous porté votre bonne parole?
J’étais l’invitée d’honneur d’un gala de près de 1 000 personnes composé de représentants du monde économique et social, de femmes à haut potentiel. C’est une belle tribune évidemment, mais j’ai rappelé à tous que ça ne sert à rien de faire de beaux discours, de hurler devant autant de monde. Caroline occupe un beau poste dans une banque. Il faut désormais qu’elle se lance en politique, que toutes les femmes se lancent en politique. Pour faire légiférer, c’est indispensable. C’est à l’Assemblée nationale que les choses se passent.
Quelle a été votre stratégie, pour faire accepter des femmes dans les conseils d’administration, mais aussi au sein des exécutifs municipaux et régionaux
Il faut faire progresser les idées, doucement. Par exemple, dès que j’ai été élue, en 2002, j’ai fait en sorte que l’on parle de la parité là où il le fallait. Le magazine Femme actuelle que l’on trouvait dans toutes les salles d’attente a été ma meilleure tribune! Je m’astreignais chaque semaine à une conférence de presse pour être dedans!
À quoi vont ressembler vos journées sans la députation? Retour au lycée?
Non, je n’ai plus l’âge d’aller enseigner. Je veux veiller au respect de la loi sur le terrain. J’ai siégé durant dix ans au sein de la délégation des droits des femmes et ma hantise est que les choses reculent. Je garde mes nombreux relais à l’Assemblée nationale! Je me rends aussi dans les villes pour remettre le label « égalité dans les entreprises ». D’ailleurs, j’irai faire de même à Toronto, l’an prochain. C’est un combat de tous les jours. Je dois m’adresser à ces femmes de 30 à 45 ans qui croient que tout est acquis car elles ont un travail. Non, il y a encore la suite, les enfants, le travail à mi-temps, la retraite…
Impossible, trois mois après l’entrée des nouveaux élus au palais Bourbon, de ne pas commenter la victoire de Richard Lioger, l’ex-socialiste devenu député grâce à l’étiquette LREM…
Écoutez, je souhaite à mon successeur de faire autant, voire plus que ce qui est à mettre à mon actif. D’avoir son nom associé à une cause, à de vrais combats comme l’est pour moi celui de la parité dans les entreprises. Car c’est à cela que doit servir chaque mandat : faire avancer les choses et non parader.
Saada Sebaoui
(Le Républicain lorrain)