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Marasme financier au Snowhall d’Amnéville : le préfet veut y croire


Le maire, Éric Munier, a rétorqué : "Vous vouliez déjà fermer le Galaxie, nous l’avons sauvé. Là, le redressement avance." (Photo : RL)

La piste de ski indoor était encore au cœur du débat d’orientation budgétaire, jeudi soir.« On est en avance sur le plan de redressement », assure le maire d’Amnéville, Éric Munier. L’opposition, quant à elle, demande «  un référendum  » sur l’avenir du site.

Jeudi soir, lors de la réunion du conseil municipal d’Amnéville, consacrée au débat d’orientation budgétaire, le Snowhall a encore largement occupé les discussions.

Comptes : quels sont-ils aujourd’hui ?

Le maire l’a assuré : la structure a réalisé, en 2015, un excédent de 244 311 €. « Nous sommes en avance sur le plan de redressement », soutient Éric Munier. « Sur l’année, les comptes doivent encore être finalisés, mais nous enregistrons une hausse de 4 %. » L’État en a pris bonne note et « reste attentif aux efforts de redressement du Snowhall, et apportera ses conseils et son soutien technique pour la présentation des comptes et la correction des anomalies héritées de la gestion passée », soutient-on à la préfecture.

Le loyer va passer de 535 000 … à 70 000 €

La décision de diminuer le loyer du Snowhall avait déjà été prise par la Ville. Il devait passer de 535 000 à 120 000 € HT. La préfecture va plus loin en suggérant qu’il soit de 70 000 €, afin de permettre à la structure de le payer réellement. « Dès 2017, le Snowhall devrait pouvoir payer son loyer et son électricité », compte Éric Munier.

L’opposition veut un référendum pour le « garder »…

Selon la Chambre régionale des comptes, l’apurement de la dette (2,3 M€ de loyer et 1,7 M€ d’électricité), avec un loyer minoré, conduirait à la persistance d’un déficit d’exploitation de 700 000 € par an (400 000 € hors remboursement de la dette). « Cette dégradation fait peser un risque sur la commune, c’est ce que dit la Chambre régionale des comptes. Amnéville n’a pas le temps d’attendre », estime Xavier Dieudonné, pour le groupe Amnéville Debout, qui demande la démission du conseil d’administration du Snowhall et que les deux groupes d’opposition y soient désormais représentés. L’opposant voudrait qu’un référendum soit organisé pour demander aux Amnévillois s’ils souhaitent ou non « garder le Snowhall ». Ce qui « désespère » Éric Munier. « Vous vouliez déjà fermer le Galaxie, nous l’avons sauvé. Là, le redressement avance. »

… mais plutôt un changement de gestion

Le maire ne s’en est jamais caché. L’étude économique en cours sur l’ensemble du site thermal et touristique prendra largement en compte le Snowhall. À terme, un changement de gestion de l’actuelle régie municipale de la piste de ski est plus qu’envisagée. D’ailleurs, en début de séance, le conseil a voté le fait que le maire a désormais le droit de « créer, modifier, ou supprimer les régies comptables » municipales.

La préfecture l’explique aussi. « Le Snowhall a transmis à l’État, en fin d’année 2015, un plan pluriannuel de redressement, qui pourra servir de base à une réflexion, conjointe avec l’ensemble des collectivités concernées (conseil départemental, conseil régional, communauté de communes du pays Orne Moselle et Ville) et avec un soutien financier de l’État, dans le cadre des subventions qui pourront être apportées aux projets d’investissement [DETR, Ademe ] », assure-t-on à la préfecture.

Ce que cela coûte aujourd’hui à la Ville ?

« Le Snowhall ne coûte rien à la Ville. Il ne lui rapporte pas d’argent », assure Éric Munier. Et, à partir de maintenant, les loyers vont être provisionnés sur le budget. « Donc il n’y a aucun risque », martèle le maire, qui attend aussi beaucoup des résultats de l’étude sur le schéma directeur du site, prévus pour septembre, pour « développer de nouvelles visions ».

« Par quel miracle ? »

Joint par nos services, Dominique Rogues, président de la Chambre régionale des comptes, réagit à ce redressement. « Nous n’avons pas expertisé les chiffres, mais nous pensons que ce n’est pas possible. On ne sait pas par quel miracle la situation se serait arrangée. Ce n’est pas crédible, je demande à voir. » En mai 2015, la Chambre avait noté une baisse des recettes et de la fréquentation de 11 % pour le premier trimestre, par rapport au premier semestre 2014.

« Même si un effort sur la gestion et le marketing est lancé, la structure ne pourra jamais atteindre l’équilibre. Ce grand frigo coûte cher. Et il faudra des investissements pour attirer de nouveaux skieurs. » Quant à la baisse des loyers, le président est également dubitatif. « Cela plombe la capacité financière de la commune. Et c’est le contribuable qui paie les intérêts de l’emprunt de la structure et la facture d’électricité, par rapport à sa régie. »

Et si la Région, le Département et d’autres collectivités s’engagent ? « On peut quand même s’interroger : si le redressement est enclenché, pourquoi faire appel à d’autres collectivités ? Quoi qu’il en soit, il leur faudra combler la dette de 4 millions d’euros, mais aussi s’engager à combler un déficit annuel, ad vitam aeternam, de l’ordre de 400 000 €. Dans ce cas, ce sera un choix politique. Nous ne formulons que des recommandations, mais nous sommes aussi la voix de la raison », qui reconnaît tout de même que la décision de fermeture proposée n’est pas évidente, compte tenu des emplois en jeu.

L.L. (Républicain Lorrain)