La loutre d’Europe se maintient en province de Luxembourg et en Wallonie, malgré les difficultés. Indicateur de bonne santé écologique, elle engendre des projets environnementaux qui profitent à d’autres espèces.
La loutre d’Europe, bien que confrontée à de nombreuses difficultés, parvient à persister dans les cours d’eau de Wallonie, de la province de Luxembourg, et notamment en Gaume. Selon Vinciane Schockert, biologiste au SPW (DEMNA), et Quentin Dubois, docteur en biologie au parc national de la Vallée de la Semois, sa présence est le signe d’un environnement en amélioration, mais encore fragile.
«Chaque loutre tuée entre 1889 et 1965 était récompensée par une prime. Cette disposition a conduit à la destruction de plus de 2 000 loutres en Belgique, soit environ 20 % de la population estimée à cette période», explique Vinciane Schockert.
«La loutre est un excellent indicateur écologique», souligne Quentin Dubois. «Elle est exigeante en termes d’habitat, ce qui signifie que son maintien indique un environnement relativement sain.» Dans le cadre du parc national de la Vallée de la Semois, elle est considérée comme une espèce «parapluie», dont la conservation bénéficie à d’autres espèces vivant dans le même milieu. La protection des habitats aquatiques convenant à la loutre va aussi permettre le développement d’une foule d’espèces (cigogne noire, libellules, batraciens, putois, etc.).
Plus de 320 000 images collectées
Chaque année, des relevés de terrain sont réalisés pour collecter des indices de présence, comme des empreintes, des excréments et des images de pièges-photos. Depuis mi-2023, plus de 320 000 images ont été collectées grâce à des caméras automatiques le long des cours d’eau, traitées à l’aide de logiciels d’intelligence artificielle.
La connectivité des habitats est également cruciale. «La loutre peut parcourir entre 10 et 20 km par jour le long des rivières», indique Vinciane Schockert. En supprimant les obstacles et en aménageant des passages à faune, les déplacements de la loutre sont facilités. Les collisions routières, qui représentent une cause majeure de mortalité dans des régions voisines comme les Pays-Bas, sont aussi un sujet de préoccupation. «Nous devons anticiper ces problèmes en Gaume et en Wallonie», ajoute-t-elle.
La végétalisation des berges et la protection des habitats naturels sont également mises en œuvre pour améliorer la qualité de l’environnement. Ces actions s’inscrivent dans une perspective transfrontalière, comme le souligne Quentin Dubois : «La conservation de la loutre implique une coopération avec nos partenaires luxembourgeois et français pour favoriser la connectivité des habitats.»
Nicolas Guidi
(L’Avenir)