Les autorités belges ont lancé des inspections dans les maisons de retraite du groupe Orpea pour corriger d’éventuels dysfonctionnements ou problèmes de maltraitance tels que ceux mis en évidence en France dans une enquête journalistique sur ce gros opérateur du secteur.
Dans la région francophone de Wallonie (sud), cinq des 19 établissements exploités par Orpea ont été visés jeudi par une « inspection inopinée » et chacune fera l’objet d’un rapport, selon la ministre régionale de la Santé, Christie Morreale (socialiste). « Nous avons 19 maisons de repos qui dépendent du groupe Orpea, et donc des enquêtes et des rapports sont diligentés », a ajouté la ministre jeudi soir sur la RTBF, laissant entendre que la totalité des sites seraient inspectés ces prochains jours.
Les pratiques du groupe Orpea, spécialiste français des cliniques privées et des maisons de retraite, sont dénoncées par le journaliste Victor Castanet dans un livre (Les Fossoyeurs) décrivant un système où les soins d’hygiène, la prise en charge médicale, voire les repas des résidents sont « rationnés » pour améliorer la rentabilité du groupe. Et ce alors que les séjours sont facturés au prix fort.
Le gouvernement français a parlé de révélations « révoltantes ». Orpea, présent dans 23 pays, principalement européens, a contesté ces accusations, qu’il juge « mensongères, outrageantes et préjudiciables ».
Christie Morreale, de son côté, a dénoncé des faits « intolérables ». « Les cas de maltraitance ne sont pas toujours observés dans le secteur privé (Orpea est un opérateur privé), mais effectivement c’est là qu’il y a un risque de dérive plus important », a affirmé Christie Morreale. « Il faut être intransigeant. »
À lire aussi ⇒ CIPA : au cœur d’un scandale en France, Orpea arrive au Luxembourg
Fermeture d’un établissement
La Belgique, pays de 11,5 millions d’habitants, compte environ 1 500 maisons de repos et de soins, dont 600 situées en Wallonie, région moins que peuplée que la Flandre (nord néerlandophone). Le secteur a été très durement éprouvé par la pandémie de coronavirus.
En Wallonie, 521 inspections ont été menées en 2021 dans des maisons de repos et un établissement a dû fermer à Tournai (ouest) en raison de « problèmes de maltraitance répétés », a rappelé Christie Morreale.
La filiale belge d’Orpea a annoncé cette semaine l’ouverture d’une enquête dans un de ses établissements du Brabant wallon (au sud de Bruxelles), visé par des accusations de mauvais traitements liés au manque de personnel.
Dans cette maison de repos de grand standing, « une aide-soignante s’est retrouvée seule à s’occuper de 22 résidents positifs au covid », a rapporté à la RTBF Claudia Reckinger, du syndicat Setca.