En juin, Lilian Mathieu relèvera un défi de taille pour ses 50 ans : escalader le mont Blanc à cinq reprises par cinq voies différentes au profit de cinq associations.
Voilà un anniversaire au sommet ! Le 29 mai prochain, Lilian Mathieu, citoyen belge de la province de Luxembourg et ancien préparateur physique à la Jeunesse Esch aux côtés de Sébastien Grandjean, fêtera ses cinquante ans. Mais pas question pour ce sportif dans l’âme, professeur d’éducation physique à Izel, de se contenter d’une fête conventionnelle. À l’occasion de son demi-siècle, Lilian Mathieu s’est en effet imposé un défi de taille, qui s’avère être une première mondiale de surcroît : escalader le mont Blanc et ses 4 809 mètres d’altitude, point culminant des Alpes et plus haut sommet d’Europe occidentale, à cinq reprises et par cinq voies différentes, le tout en trois semaines seulement. Et tout cela pour la bonne cause, puisque ce défi se fera au profit de cinq associations locales : Un Souffle Gaumais, le Chill ‘N’ Beat Cancer, le Service social de l’Amicale de l’AR Izel, le Mistral Marathon et l’association luxembourgeoise Kriibskrank kanner (lire encadré).
«D’une part, je voulais faire quelque chose d’utile. Cela me révolte qu’on puisse envoyer des sondes sur Mars ou sur la Lune, mais que si peu soit fait pour les enfants malades! Tout est soumis au fric! Mais puisqu’il faut du fric pour sauver des gens, j’essaie d’apporter ma contribution par le biais de ce projet», explique Lilian Mathieu, qui poursuit : «D’autre part, j’ai eu plusieurs décès autour de moi ces derniers temps, et je me suis dit « N’attends pas – d’être pensionné, d’avoir du temps – pour faire quelque chose ». J’ai la chance d’être en bonne santé. Ce défi est donc aussi une façon de rendre hommage aux personnes que j’ai côtoyées et qui sont parties bien trop tôt.»
Relever ce challenge à la montagne a d’autant plus été une évidence depuis ce déclic il y a dix ans pour cet habitant du plat pays. «La montagne, malgré tous les dangers qu’il peut y avoir, est un endroit paisible, calme, où il y a peu de monde. Il y a un silence qui pour moi n’est pas pesant mais prenant, régénérateur. Les paysages sont magnifiques. On se sent à la fois grand et insignifiant, et ça nous remet les pieds sur terre. Finalement, on n’est pas grand-chose! Sans compter ce bonheur d’atteindre un objectif : il faut faire un effort pour atteindre un beau point de vue.»
Les voies de tous les dangers
Cela fait deux ans que Lilian Mathieu réfléchit à ce projet d’envergure. Il s’est même rendu sur place l’an dernier pour tester sa condition physique en empruntant la Voie Normale. Car arriver au sommet se mérite et les obstacles sur le sentier peuvent s’avérer nombreux. «Le mont Blanc, ce n’est pas l’Himalaya, mais ce n’est pas rien non plus! Contrairement à ce que certaines agences de voyages essaient de faire croire, ce n’est pas une randonnée, il faut vraiment se préparer», explique-t-il, parfaitement conscient des risques auxquels il s’expose.
Il y a d’abord les dangers dits «objectifs», comme le fait de se retrouver au cœur d’un orage qui n’a pas été annoncé, devoir faire face à une avalanche ou à des chutes de pierres, sans oublier le risque de gelure ou de chute dans une crevasse… Et il y a aussi les dangers «subjectifs», propres à la personne elle-même : blessure, entorse, maladie, mauvaise acclimatation qui peut engendrer un œdème pulmonaire ou cérébral…
Pour contrer au mieux ces périls, pas de mystère, il faut se préparer. Lilian Mathieu, qui sera accompagné d’un guide lors de son expédition, y consacre pas moins de 10 à 12 heures par semaine : course, randonnée (notamment dans le Mullerthal) et entraînement des doigts à l’aide de petits objets (les salles d’escalade étant fermées) font partie de son quotidien. «Je vais aussi me rendre régulièrement à Chamonix avant d’entamer le défi afin de m’acclimater, en jouant avec les altitudes.»
Entre deux et trois jours d’ascension par voie
Les cinq voies par lesquelles il gravira la montagne (trois italiennes et deux françaises) sont toutes très différentes : des voies marchées, sur glacier, rocheuses (donc des parois à escalader), mixtes… Pour chacune d’elles, il faut compter entre deux et trois jours d’ascension. Normalement, mises bout à bout, les ascensions que Lilian Mathieu a prévu de faire durent 13 jours, mais il se laisse trois semaines pour achever son défi, au cas où la météo s’avérerait peu clémente et pour compenser un éventuel état de fatigue.
«On peut marcher de cinq à 16 heures avant de trouver un refuge, car il ne faut pas oublier qu’il faut redescendre! Soit on dort dans des refuges gardés, où un gardien prépare de la nourriture, soit dans des refuges non gardés et là on se débrouille pour manger et pour dormir.»
Le sportif emportera donc avec lui en plus de son matériel un sac de couchage et de quoi manger – nourriture lyophilisée, barres énergétiques, réchaud. «Je vais me limiter à un sac de dix kilos maximum. On va être minimaliste, il ne s’agit pas de prendre plusieurs paires de chaussettes! Pour l’eau, nous avons une gourde. Quand on ne peut pas en acheter dans les refuges, on fait tout simplement fondre de la neige.»
Et Lilian Mathieu de conclure : «La montagne est vraiment un milieu à part. J’y pense tous les jours. Pour moi, cela représente la joie de vivre. Mais une randonnée en haute montagne, c’est aussi par analogie un parcours de vie : il y a des hauts et des bas, des moments difficiles et des moments plus heureux. On peut avoir des déceptions, comme lorsqu’on se retrouve pris dans le mauvais temps. Mais quand vous passez les nuages, que vous vous retrouvez au-dessus d’eux, c’est grandiose.»
En parallèle de ce défi mené pour soutenir les associations, Lilian Mathieu s’est adjoint les services d’un réalisateur en vue de tourner un film sur le mont Blanc et les vertus de la montagne, qui aura vocation à être diffusé dans les écoles et associations. Les sponsors intéressés par ce projet peuvent contacter directement Lilian Mathieu sur le site internet solidarite4810.be ou la page Facebook Solidarité 4810.
Tatiana Salvan
Une ascension pour une association
Lilian Mathieu a choisi de relever ce défi exceptionnel pour apporter son soutien à des associations locales qui, en raison de la crise sanitaire, n’ont pas pu récolter tous les fonds habituels.
•Un Souffle Gaumais : apporte un soutien aux familles touchées par la mucoviscidose et sensibilise la population à cette maladie.
• Le Chill ‘N’ Beat Cancer : journée caritative organisée en faveur de la Fondation contre le Cancer.
• Le Service social de l’Amicale de l’AR Izel : aide et soutient les élèves dans le besoin en fournissant une série de services aux élèves les moins favorisés afin que les difficultés financières ne soient pas un frein dans le parcours scolaire.
• Le Mistral Marathon : soutenu par Mistral Gagnant, aide à réaliser les rêves d’enfants atteints de traumatismes ou de maladies graves.
• Kriibskrank Kanner : accompagne au quotidien les familles d’enfants atteints d’un cancer ou d’une maladie rare à danger vital.