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Lorraine : qui veut la peau du renard ?


Des membres du Collectif renard Grand Est distribuaient des tracts, mercredi après-midi, à Rozérieulles (à quelques kilomètres à l'ouest de Metz), contre l'utilisation de bromadiolone sur une parcelle de la commune. (photo RL)

Des écologistes dénoncent le classement du renard comme espèce nuisible. Les chasseurs s’insurgent.

Le Collectif renard Grand Est dénonce les abus cynégétiques concernant le renard, espèce classée nuisible. La Fédération départementale des chasseurs de la Moselle contre-attaque et fustige une attitude «militantiste».

« Nous ne sommes pas du tout d’accord avec les abus de chasse concernant le renard, une espèce classée nuisible, qu’on peut, du coup, chasser tout le temps, même la nuit. Pour nous, il n’y a pas de raisons de faire autant de dégâts. » Franck Vigna, porte-parole du Collectif renard Grand Est, regroupant 55  associations ou bureaux d’études de défense de l’environnement, n’y va pas par quatre chemins. Dans un communiqué, le collectif parle de «destruction intensive par tir, piégeage ou déterrage», évoquant la mort de 13  000  renards au cours de la dernière saison, rien qu’en Moselle.

«Le renard n’est pas menacé»

La Fédération départementale des chasseurs de la Moselle n’a pas tardé à réagir, fustigeant l’attitude «militantiste» du collectif  : « Le renard est très représenté dans le département et se porte très bien, il n’est absolument pas menacé. C’est pourquoi il est important qu’il reste dans la catégorie des nuisibles, afin que nous puissions réguler sa prolifération », affirme Gilles Humbert, technicien à la fédération.

« Des particuliers font appel à nous, car les renards s’introduisent dans les poulaillers, les propriétés. De plus, l’espèce est toujours porteuse de l’échinococcose, une maladie transmissible à l’homme, qui peut entraîner des cirrhoses. En 2008, nous avions réalisé une étude en collaboration avec l’ELIZ (Entente de lutte interdépartementale contre les zoonoses) . Un renard sur trois était concerné par la maladie. Une nouvelle étude faite en 2015 a montré que 50  % sont contaminés. »

De son côté, le collectif va plus loin dans la défense de l’animal, déclarant que sa traque permanente crée de «graves déséquilibres» dans le processus de la chaîne alimentaire, les renards contribuant à la non-prolifération des micromammifères comme les campagnols, qui génèrent souvent des dégâts dans les exploitations agricoles. Ils font ensuite un lien indirect entre cette «destruction» du prédateur naturel et l’utilisation de la bromadiolone par certains agriculteurs pour se débarrasser des campagnols. « Il s’agit d’un anticoagulant très toxique qui peut avoir des conséquences sur la santé humaine et l’environnement », alerte Franck Vigna.

Le Collectif a distribué des tracts, mercredi après-midi, dans les rues de Rozérieulles, après l’autorisation de l’épandage de ce produit sur une parcelle de la commune. Mais il faut savoir que l’emploi de la bromadiolone est très encadré et limité. « Et nous n’avons aucune responsabilité sur ces dossiers, c’est la Fredon Lorraine (NDLR  : Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles) qui gère ça , précise Gilles Humbert. Enfin, nous sommes, nous aussi, globalement contre l’usage de produits chimiques. » Cela fera au moins un point de convergence entre les deux parties.

François Pradayrol (Le Républicain lorrain)