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Lorraine : loup et lynx officiellement de retour


Un loup et un lynx, au moins, sont présents dans le vaste massif du Donon depuis la fin de l’hiver dernier.  (Photo : le républicain lorrain)

 Loup et lynx confirment leur retour au sud de la Moselle. La présence d’au moins deux adultes est acquise dans le massif vosgien du Donon.

Il y a des loups et même des lynx dans le sud de la Moselle. C’est officiellement confirmé et leur présence a été évoquée lors du dernier comité de suivi régional convoqué par le préfet, à Sarrebourg. Les pièges photographiques, installés essentiellement dans le massif vosgien, ont apporté la preuve de ces présences et les experts disposent d’une multitude d’observations et d’éléments d’analyse pour avoir une connaissance assez fine de la présence de ces animaux sur le territoire, de leurs déplacements et donc de leurs comportements. Pour le loup, la première photographie date déjà de 2011, puis un premier couple constitué a été repéré en 2012 et une première reproduction a été constatée dès 2013 avec la présence de louveteaux.

Pour l’heure, il n’y a pas de zone de présence permanente en Moselle. Les secteurs les plus proches sont localisés au sud de Nancy, dans les Hautes-Vosges pour la Lorraine, ainsi qu’au Champ-du-feu, côté alsacien, où il y a deux individus. Mais les spécialistes s’accordent sur trois secteurs à surveiller de près, dont celui du massif du Donon où l’espèce serait en cours d’installation. Un loup y est arrivé à la fin de l’hiver dernier. Les deux autres étant éloignés, vers Joinville et à proximité de l’Yonne pour le Grand Est. Mais il ne fait aucun doute qu’il y a beaucoup plus de passages de loups à travers la Moselle. Le plus souvent, des individus passent mais restent complètement inaperçus. «Forcément, les loups sont discrets lorsqu’ils sont en phase de dispersion. Donc il y en a beaucoup plus que ça…», confirme Anthony Kohler, directeur zoologique du parc animalier de Sainte-Croix.

«Un programme de réintroduction déguisé»

Pour le lynx, les choses sont beaucoup mieux connues puisque la plupart des animaux ont été relâchés en Allemagne et sont équipés de balises de géolocalisation. La dernière opération en date a eu lieu en 2019 en Rhénanie-Palatinat et les lynx sont quasiment tous allés vers le sud. La population est de dix individus actuellement, dont une femelle, et sept sont issus d’opérations de réintroduction. Trois lynx se sont installés dans les Vosges du Nord, quatre ont migré jusque dans les Hautes-Vosges, deux sont restés près de la frontière… et il y en a un qui s’est arrêté en Moselle Sud. En fait, il a d’abord été localisé dans le col de Saverne. Mais son territoire s’étend vers le sud, vers les hauteurs, jusque dans le massif du Donon.

Parler du loup, confronter les analyses, débattre et s’accorder sur des mesures, tel est l’intérêt du comité de suivi des grands carnivores. Au-delà des espèces emblématiques du loup ou du lynx, l’échange permet également de s’intéresser au chacal doré, «qui arrive très rapidement». L’évolution de ces espèces ne permet pas tous les consensus. Ainsi, les responsables agricoles restent persuadés que tout n’est pas transparent sur le lynx. «C’est un programme de réintroduction déguisé!», clame l’un d’eux. «Depuis le début, il est évident que la dispersion se fera vers les Vosges du Nord!» Il y a eu vingt lâchés à la frontière dans le cadre du projet Life lynx. Jusque-là, cette présence discrète n’avait pas suscité de réaction. Sauf qu’une attaque très récente serait imputable à un lynx…

Dans l’arsenal des mesures, il y a les chiens, les barrières et les «tirs de défense». «Est-ce que l’on travaille sur un seuil de population à partir duquel il serait régulé?», s’inquiète le député Fabien Di Filippo. En clair, à partir de quel chiffre est-il possible de tirer? «Le lynx marque un renforcement de la biodiversité», opposent les animaliers. Et il y a d’autres carnivores. Le faucon pèlerin, par exemple. Sauf que celui-ci n’embête personne.

Olivier Simon (Le Républicain lorrain)