Longtemps oubliées au profit des maisons de retraite, les résidences seniors sont en plein essor.
Évelyne, Marie-Paule et Denise ont respectivement 66, 73 et 87 ans. Aujourd’hui, ces trois habitantes du quartier seniors de Conflans-en-Jarnisy, au clos Schuman, s’estiment chanceuses d’habiter là. Elles savent leurs logements «très convoités». Pourtant, à l’époque de leur installation, elles ont connu des petits doutes. Évelyne occupait auparavant un logement de fonction, à côté du collège Aragon de Jarny.
À l’approche de la retraite, il y a un an, elle devait trouver à se loger ailleurs. Les deux autres ont été bousculées par les problèmes de santé de leurs maris. Marie-Paule, par exemple, explique qu’elle et son époux résidaient eux aussi à Jarny. Dans une maison où, hélas, rien n’était adapté quand il s’est retrouvé en fauteuil roulant. Il y a trois ans, elle a donc postulé «sans y croire» à Conflans. Le statut de son mari et ses petits revenus ont contribué à faire ressortir leur dossier.
«D’un point de vue financier, c’est très intéressant : 369 euros de loyer, témoigne-t-elle. Pour le moment, mon mari est à l’Ehpad de Giraumont – j’étais trop fatiguée pour continuer à m’occuper, seule, de lui – mais j’ai quand même pris un F3. Si un jour il peut revenir avec moi, on aura de la place.» Quelques centaines de mètres plus loin, Denise fait partie des tout premiers habitants du quartier. Elle est là depuis 15 ans.
Il s’agissait, pour elle, d’un compromis. «Mon mari avait été opéré des genoux, il ne pouvait plus rester dans notre F5. La solution aurait été l’Ehpad, mais moi j’étais en bonne santé. Et on ne voulait pas être séparés.»
Commerces et services proches
Or les logements du clos Schuman sont entièrement équipés, adaptés notamment aux personnes à mobilité réduite. Même si «des petits détails pourraient être améliorés», selon Marie-Paule. Comme l’installation de stores électriques, «là où il y a des baies vitrées, pour éviter d’actionner la manivelle», ou la création d’espaces de rangements.
Tout est conçu pour permettre une vie tranquille, à quelques encablures du centre-ville (accessible en bus, d’ailleurs), mais déjà au calme. Même la circulation, en impasse, a été étudiée pour éviter le bruit… mais aussi d’éventuels repérages de cambrioleurs. On ne passe pas ici en toute discrétion. L’ambiance fait le reste. «Les voisins sont plus âgés que moi. Mais j’ai reçu un très bon accueil de leur part, on a toujours l’occasion d’échanger quelques mots», souffle Évelyne.
«Quand j’ai eu des soucis avec un lavabo, un voisin est venu m’aider», se souvient Marie-Paule. Quant à Denise, elle évoque la possibilité des habitants d’acheter du pain, pour un voisin, en se rendant à la boulangerie. Un quartier calme, donc. Presque «trop», pour Évelyne : «À 20 h 30, tous les volets sont fermés.» Mais elle espère bien que la convivialité reprendra le dessus quand le contexte sanitaire se sera détendu : «Il y a des bancs, il paraît que certains s’y regroupaient avant, les soirs…»
Marie Koenig (Le Républicain lorrain)
Des pavillons très convoités
Le programme de logements seniors à Conflans-en-Jarnisy a la particularité d’être à vertu sociale. Le projet a d’abord été mené par le bailleur MMH, puis a été poursuivi par LogiEst devenu Vivest. Ces petits pavillons (de T2 à T4) ne sont accessibles qu’en location. La demande est très importante, y compris de la part d’habitants de la proche Moselle.
Il faut dire que les prix sont bas pour ce type de service. Aussi les dossiers des aspirants locataires passent-ils par une commission d’attribution. Celle-ci est composée de représentants de la mairie, de Vivest et de leurs partenaires. Ils étudient notamment les critères d’âge, de critères sociaux, de revenus, mais aussi d’un éventuel handicap, de famille éloignée, etc.