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Lorraine : faut-il crier au loup ?


Cette photo prise le 5 août à Harmonville, entre Toul et Neufchâteau, témoigne que le loup prend ses aises. (Photo société Reconyx)

Son arrivée en Lorraine remonte à avril 2011. Depuis, le loup y est solidement implanté. Il est particulièrement présent en Meurthe-et-Moselle et dans les Vosges, un département où on lui attribue 343 attaques pour 744 ovins tués.

Cela a tout d’un été meurtrier. Depuis plusieurs semaines, les attaques de loups sur des troupeaux d’ovins sont incessantes dans les Vosges où le grand canidé affole tous les compteurs. Du 1er janvier jusqu’à fin août, la bagatelle de 69 passages à l’acte a été recensée. Pire, son tableau de chasse s’avère nettement plus sanglant avec 202 animaux tués. Soit 60 de plus qu’en 2015.

Les trois quarts de ces massacres ont eu lieu dans la plaine. Pourtant très protégé, un éleveur de Soncourt, près de Neufchâteau, a perdu depuis le début de l’année 49 moutons. Un autre, situé à une dizaine de kilomètres, à Removille, en a vu égorger et éventrer 23 en une seule nuit à 50 mètres de son habitation. Dans les Vosges, deux foyers bien distincts de présence ont été établis. Une meute, recensée à l’été 2013, a pris ses quartiers dans le massif. Des opérations de hurlements provoqués sont en cours pour déterminer le nombre d’individus présents. Des écologistes s’y opposent, persuadés que la finalité est de délivrer un permis de tuer de l’espèce protégée. L’anecdote montre les vives tensions qui animent toujours éleveurs et écologistes sur la question. De plus en plus d’éleveurs sacrifient pourtant aux mesures de protection financées à 80% par l’État. Mais clôtures électrifiées, effaroucheurs ou même la dizaine de chiens de protection ne freinent pas toujours la folie de Canis lupus.

Trois tirs de défense

Les tirs de prélèvement en Lorraine sont pourtant encore loin d’être à l’ordre du jour. Pour l’heure, la région n’a jamais dépassé le stade des tirs de défense. Ce qui signifie que le loup n’y est pas chassé. Seule une personne assermentée peut l’abattre à la seule condition qu’il soit en train d’attaquer un troupeau. Une procédure actuellement accordée dans seulement trois zones, mais qui semble viser un seul et même grand canidé. L’une se situe dans la plaine des Vosges à Soncourt, Pleuvezain, Aouze, Aroffe. Les deux autres en Meurthe-et-Moselle, à Colombey-les-Belles, Vannes-le-Châtel et Battigny. Des secteurs seulement distants de quelques kilomètres.

Reste que le nombre très élevé de prédations dans ces zones commence à laisser perplexe sur la présence d’un seul individu, comme l’affirment les autorités. Car en Meurthe-et-Moselle, il ne cesse aussi de se faire plus présent. Si cinq attaques expertisées «loup non exclu» avaient été enregistrées en 2015 pour sa première année d’apparition, le département en est déjà à 33 cette année, pour un total de 116 ovins tués.

Philippe Marque (Le Républicain Lorrain)