Après les vénérables Christie’s et Sotheby’s, une modeste salle des ventes de Bar-le-Duc lance ce dimanche des enchères d’œuvres numériques « NFT », du nom de la nouvelle technologie d’authentification en vogue associée à un objet virtuel.
« A priori, on serait les premiers en France, mais on ne l’a pas fait pour être les premiers », explique Régis Cappelaere, l’un des dirigeants de l’étude Cappelaere & Prunaux à Bar-le-Duc. « Ce qui est important, c’est le fait qu’on puisse vendre des œuvres virtuelles, c’est la première fois qu’on fait ça, on y travaille depuis le mois d’août », poursuit-il, se disant « motivé » par ses collaborateurs plus jeunes.
Cette vente est une sorte de « test » : « On a vu les scores chez les Anglo-saxons, est-ce que la France va suivre ? Je ne sais pas », indique Régis Cappelaere, en référence notamment au record de 69,3 millions de dollars atteint en mars par Everydays: The First 5000 days de l’artiste numérique Beeple chez Christie’s.
Les NFT désignent les jetons non fongibles, ou « non-fungible tokens », des certificats d’authenticité réputés inviolables, qui permettent à l’acheteur d’un objet numérique (dessin, animation, vidéo, photo, musique) d’être certain d’en être le propriétaire.
Le marché de ces œuvres numériques qui bousculent le marché de l’art génère quotidiennement plus de 10 millions de dollars de transactions sur des plateformes numériques comme Nifty Gateway ou OpenSea.
Prêt à « essuyer les plâtres »
D’une interprétation digitale de Goldorak au Phonautograph, NFT du premier enregistrement de voix humaine (Au clair de la lune, en 1860), les estimations des 31 lots mis en vente dimanche par Cappelaere & Prunaux sont loin des records.
La plupart de ces œuvres émanent d’un collectif appelé New French Touch, qui se présente comme une équipe « d’artistes, de spécialistes de la block chain, de traders, de galeristes, et de financiers, ayant tous acté l’intérêt de faire naître un art digital qui soit un pont et non une rupture avec le marché de l’art physique ».
Comme Nickel Wire Spool, qui représente une bobine de fil de nickel, estimé entre 300 000 et 400 000 euros. « Une fois le NFT acheté en salle des ventes, nous remettrons à l’acheteur la vraie bobine de fil de nickel, d’une valeur de 1 700 000 euros », précise le site de la vente, qui sera retransmise sur Drouot Live.
Mais Régis Cappelaere, prêt à « essuyer les plâtres », y voit une opportunité pour des salles comme la sienne installées en province, encore plus en ces temps de pandémie.
« Une continuité du mouvement artistique »
« On ne peut plus toucher les objets sans les désinfecter systématiquement. Avec le confinement, on s’est posé beaucoup de questions sur l’avenir des salles des ventes et on a vu l’intérêt, grâce au net, d’une nouvelle clientèle, plus jeune, qui enchérissait dans les salles des ventes mais par internet », explique-t-il.
« C’est aussi une continuité du mouvement artistique de vendre des œuvres qui ne sont que virtuelles », ajoute-t-il.
AFP/LQ