Lorraine Airport a basculé dans l’escarcelle de la région Grand Est et de la nouvelle majorité, qui n’affiche aucune ambition particulière sur ce dossier.
En 2016, Lorraine Airport va fêterses 25ans. L’âge de prendre enfin son envol? Beaucoup l’espèrent.Car si 2015 a été marquée par la trouvaille d’un nouveau nom, le 25e anniversaire le sera par un changement de gouvernance.
Propriété historique de la région Lorraine, la zone aéroportuaire Metz-Nancy-Lorraine a basculé le 1er janvier dans l’escarcelle de la nouvelle région Grand Est. Et dans les mains d’une nouvelle majorité : celle de droite et du centre de Philippe Richert. Jeudi, il avait mandaté Henry Lemoine, maire LR de Pont-à-Mousson, à la cérémonie des vœux. Fraîchement élu conseiller régional, il n’a pas caché son intérêt pour la présidence du conseil d’administration de cet établissement public chargé depuis novembre 2011 de gérer le site. L’affaire se jouera à la fin du mois. Et après?
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Lorraine Airport va-t-il basculer dans une nouvelle dimension ou poursuivre son lent déclin amorcé depuis l’arrivée du TGV? Henry Lemoine s’est efforcé, jeudi, de rassurer : «C’est un bel outil qui a une carte à jouer. Sa position centrale est un atout indiscutable. Il reste indispensable au développement économique du secteur.»
Mais il s’est bien gardé de préciser comment l’équipement allait s’inscrire dans ce nouveau territoire désormais doté de quatre aéroports à la santé flageolante.
Du courage politique
À l’exception de l’Euroairport de Mulhouse-Bâle, mastodonte qui a transporté en 2014 autant de passagers que Lorraine Airport en 25 ans (6,5 millions), les trois autres tirent la langue. Pour schématiser, Reims-Vatry (moins de 100 000 passagers) est plongé dans le coma artificiel par les collectivités locales, Lorraine Airport (257 000 passagers) sous assistance respiratoire, et Strasbourg-Entzheim (1,1 million de passagers), en phase de rééducation.
Pour couronner le tout, pas un n’est dans les mains du même échelon territorial. Ce vrai casse-tête n’inquiète pas Henry Lemoine : «Cela ne me paraît pas problématique. On va commencer par faire un état des lieux de cet ensemble, mais je pense qu’il n’y aura pas de révolution. »
Même sérénité chez Françoise Herment-Léonard, la directrice. «Nous sommes plutôt complémentaires. Strasbourg et Vatry sont sur une stratégie de low cost, à la différence de Lorraine Airport» , estime celle qui se voit bien rester à la direction du site. Un poste stratégique que lui avait offert l’ancienne majorité socialiste. Pas sûr que la future gouvernance persévère. Les nouveaux élus finiront d’ailleurs peut-être par considérer que cette gestion constitue un vrai métier à confier à un privé, comme cela a parfois été évoqué.
Auront-ils seulement le courage politique d’envisager un vrai plan de développement autour de ce site dont il n’aura jamais été question durant la campagne?
Pleine de bonne volonté au départ, la précédente mandature s’est contentée d’investir dans l’outil et de le maintenir à flot plutôt que de le développer. «Cet aéroport devra rester lucide avec son territoire et son public» , a encore prévenu, jeudi, Roger Tirlicien, ancien président de l’établissement public.
Une stratégie dénuée d’ambition qui finit peu à peu par s’ancrer autour de cet outil qui mériterait tellement mieux, ne serait-ce qu’au niveau fret. Las. La zone économique autour est toujours restée au stade du vœu pieux. Au printemps, Lorraine Airport réservera un terrain de huit ares pour mettre en valeur… la biodiversité du secteur. Des jonquilles et des orchidées, à défaut d’emplois…
Philippe Marque (Le Républicain lorrain)
257 661 passagers en 2015
On est encore très loin de la barre des 350 000 passagers franchie en 2000 et 2005 avant l’avènement du TGV. Lorraine Airport affiche pourtant en 2015 un trafic passagers en hausse de 4 % par rapport à 2014. Au total, 257 661 passagers ont transité par l’aéroport. Les vols réguliers font un bond de 3,5 % grâce à la mise en place d’une 2 e rotation sur Casablanca et à l’augmentation de 10 % des passagers sur Alger grâce à la pérennisation d’une 3 e rotation toute l’année.
Durant l’été, Air Algérie proposera cinq rotations tout en desservant Oran et Constantine. Ouverte en avril, la liaison sur Bordeaux (trois fois par semaine) est reconduite cet hiver. Hop! conforte Nice en ajoutant un vol le samedi pour l’automne-hiver. Le hub de Lyon reste la première destination (55 000 voyageurs).
Dans un contexte très compliqué, marqué par l’arrêt des vols sur Izmir, Djerba et Monastir, les destinations vacances sont tout de même en légère hausse. En baisse de 4 %, Marrakech reste la destination la plus prisée (15 000 passagers). Mais 70 % des départs se font désormais sur l’Union européenne. Avec quatre destinations, dont deux nouveautés qui sont un succès (Minorque et Lanzarote), l’Espagne totalise 40 % du trafic.
Pour le printemps-été 2016, treize destinations sont proposées. Dont une nouveauté : Rhodes, tous les vendredis du 8 avril au 28 octobre par Marmara. Enfin, des négociations avancées sont en cours avec la compagnie Aegean pour l’ouverture d’une ligne régulière. Elle propose déjà un vol hebdomadaire vers la Crète.