Les commerçants situés sur et autour de la place Leclerc, à Longwy-bas, vivent d’après certains d’entre eux une situation compliquée. En cause : les travaux qui n’en finissent pas, le manque de places de stationnement, une police municipale qui verbalise trop souvent…
Difficultés passagères ou plus longues, redressements judiciaires voire fermetures, comme pour le salon de thé, le bar de la Place, la boulangerie ou encore une des banques (Banque populaire) : les commerces installés sur et autour de la place Leclerc à Longwy-bas souffrent. Comme le confirme Samir Moukah, gérant du bar La fresque depuis un peu plus de trois ans. « On était en pleine pandémie mais on s’est décidé à ouvrir en 2021, avec deux autres personnes. On avait alors trois salariés à mi-temps. Aujourd’hui, on n’est plus qu’à un. Je fais les ouvertures et les fermetures, 8 h-21 h, sept jours sur sept. Et c’est très très compliqué. La trésorerie ne suit plus. »
« On avait une notoriété »
Le presque quadragénaire n’en est pourtant pas à son coup d’essai. En 2013, il lançait en effet Offishall Boutik, spécialisée dans la vente de vêtements, également place Leclerc. « C’était mon premier commerce. À la suite de problèmes d’orientation, je me suis retrouvé à faire technicien en industrie. J’ai bossé dans des entreprises comme FVM, Faurecia ou au Luxembourg. Mais j’ai toujours voulu faire de la vente et de la comptabilité. J’ai toujours aimé le contact avec les clients. Donc, je me suis lancé en 2013. Et ça fonctionnait. On est passé de 50 m² à 100 m² et on a multiplié par trois le chiffre d’affaires. On avait une notoriété. »
Le Réhonnais de naissance parle au passé : en effet, il envisage de fermer son magasin à la fin des soldes de janvier.
Le problème du stationnement
La raison principale : la fréquentation d’Offishall Boutik a chuté ces dernières années. « On subit des travaux depuis trop longtemps. Il n’y a plus de places de stationnement. » La réfection de la place s’est en effet ajoutée aux deux opérations de découverture de la Chiers , la deuxième se déroulant en ce moment du côté du parc des Récollets. « Tout ça a entraîné une très grande suppression de places. Donc les clients tournent, une fois, deux fois, puis s’en vont s’ils n’en trouvent pas. »
Conséquence indirecte, d’après Samir Moukah : les amendes pour stationnement abusif et gênant se multiplient. « La police municipale pourrait être plus conciliante. »
Autre grief du gérant : l’éloignement du marché hebdomadaire du samedi matin, « autrefois l’un des plus beaux de la région », aujourd’hui excentré sur le parking du Tramway, à côté du cimetière. D’après lui, il apportait son lot de passants. « Mais il ne ressemble plus à rien, avec seulement quelques rares camelots. Il n’y a plus de boulangerie, plus de maison de la presse, etc. On se sent abandonnés par la municipalité, qui ne nous écoute pas. » Cela ressemble donc à un appel à l’aide.
Des avis partagés
Quand on fait le tour des gérants, il y a à boire et à manger. Il y a d’un côté Natacha Mohier, qui vient de fermer son dernier commerce, le bar de la Place, et tire à vue sur la municipalité. Il y a Jean-Michel Vion, qui s’apprête à fermer « jusqu’à nouvel ordre » CCL Services, et regrette lui aussi les travaux et la « guerre » entre la Ville et le Grand Longwy.
Mais il y a aussi des propos plus « mesurés », comme Serge Loubeau, coiffeur. « J’ai été conseiller municipal et je connais les difficultés de cette ville. C’est compliqué, oui. On n’est pas à Paris ici. La municipalité préempte des locaux et devient gestionnaire. Elle agit. Et puis, la police fait son job, même si c’est vrai que prendre des PV quand t’es commerçant, c’est emmerdant. Mais effectivement, il y a des problèmes de stationnement. Je n’ai rien contre le fait de voir les banques partir. Je préfère les vrais commerces. Dans tous les cas, il ne faut plus taper sur les zones commerciales. Elles sont complémentaires. On voit les gens se tourner de nouveau vers les centres-villes. »
Sophie Mathieu est fleuriste chez Vert’tige, sur la place depuis 2008. « Quand les travaux seront finis, ça ira mieux. Le malaise économique qu’on vit pourrait un peu s’estomper. Parce qu’on se donne tous du mal. Moi, je propose un service de colis pour ramener du monde. »