Avec ses deux cabas dans lesquels elle a rangé toute sa vie, Carla* a élu domicile dans un quartier de Longwy. En France, elle fait partie des 120 000 femmes en grande précarité.
Elle n’a pas fait ce choix. Mais Carla* s’est retrouvée, un jour, à la rue. Désormais, cela fait deux ans qu’elle vagabonde par tous les temps. Elle arpente les avenues avec ses sacs de voyage et se pose (presque) tous les jours, à Longwy-Haut. Si bien que les habitants viennent régulièrement discuter avec elle : « Comment allez-vous ? », « Avez-vous besoin de quelque chose ? ». Cette maman SDF ne laisse personne indifférente parce qu’une femme, divaguant seule, sans toit, et sans repère, ce n’est pas anodin.
Parfois, certains osent même lui jeter au visage : « Va bosser ». Carla*a décidé de ne plus répondre parce que son silence est un pied de nez à la méchanceté.
Trouver un lieu pour dormir
Sur son parcours, la jeune femme reste discrète. Dérouler son existence depuis sa naissance est une démarche compliquée. Mais si elle en est là, c’est qu’elle a coupé les ponts avec sa famille : « Je ne veux pas d’aide de leur part. Cela fait des années que je ne les vois plus ». Elle est aussi éloignée de son unique enfant : « Je suis dans la rue pour la protéger. De toute façon, elle ne pourrait rien faire pour moi ». Enfin, elle a perdu son emploi, il y a quelques années. Une chute sur un chemin déjà fragilisée. Elle le sait. Assise une partie de la journée, Carla* ne demande rien à personne. Cependant, elle reconnaît que ce n’est pas simple notamment de trouver un couchage tranquille pour la nuit. Elle ne divulguera pas l’abri qu’elle a repéré dans la cité longovicienne mais une chose est sûre ; elle est en sécurité et protégée de la pluie.
120 000 femmes à la rue
Restera-t-elle à Longwy ? Carla* devrait normalement poursuivre sa route dans les semaines à venir. Avant cette étape dans le Pays-Haut, elle était à Strasbourg : « Je fais une grande pause ici parce que marcher toute la journée, c’est épuisant ».
Selon le rapport du Sénat publié en octobre 2024, le constat est sans appel : « Le nombre de personnes sans domicile a doublé en dix ans, pour atteindre 330 000 en 2024, dont environ 120 000 femmes […] Chaque soir, environ 3 000 femmes et près de 3 000 enfants passent la nuit dans la rue ».
Pour les personnes sans-domicile, il existe à Longwy, un lieu d’accueil de jour destiné aux SDF. Il est situé 120, avenue Raymond-Poincaré. Il est ouvert de 9h à 14h. Les personnes peuvent prendre une douche, le petit-déjeuner est offert. Ils ont la possibilité de nettoyer leurs vêtements. Il est géré par Alisés, un centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) basé à Mont-Saint-Martin. Contact : tél. 09 71 27 69 92.
*Carla est un nom d’emprunt