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L’insertion passe par les fenêtres à Florange


La déconstruction manuelle des fenêtres, pour permettre le recyclage du verre et du PVC, demande un travail précis et intensif en main-d'oeuvre, assuré par les salariés de Valo' à Florange. (photo Pierre Heckler / RL)

Comme la plupart des déchets du BTP, les vieilles fenêtres finissent enfouies dans les décharges. Grâce à des partenariats innovants, l’entreprise Valo’, à Florange, a imaginé une autre filière de recyclage, écologique et porteuse d’emplois.

« Dix mille tonnes de déchets enfouis, c’est un emploi créé. Dix mille tonnes de déchets recyclés, c’est 50  emplois! » C’est aujourd’hui le mantra des responsables de Valo’. Porteuse du premier pôle territorial de coopération économique (PTCE) lorrain, l’entreprise d’insertion florangeoise vient de lancer une filière originale de récupération et de valorisation des fenêtres. Elle l’a mise en œuvre avec deux grandes sociétés européennes  : Sovitec, spécialiste des microbilles de verre, et Veka, fabricant de menuiseries PVC. Un exemple parfait d’écologie industrielle ou « comment faire en sorte que les déchets redeviennent des matières premières en développant une activité porteuse d’emplois », résume Philippe Lerouvillois, responsable de Valo’.

Dès 2015, à l’affût des gisements de déchets valorisables dans le nord mosellan, les équipes de la petite entreprise d’insertion repèrent l’importance des fenêtres en fin de vie jusque-là enfouies dans les décharges, comme la plupart des déchets du BTP. En quelques mois, Valo’ va conclure des partenariats avec les fabricants et les collectivités pour collecter ces fenêtres sur les chantiers de rénovation du Grand Est. L’entreprise développe en parallèle le savoir-faire de ses salariés pour la déconstruction manuelle des huisseries. Un travail artisanal précis et intensif en main-d’œuvre.

«C’est d’abord une histoire d’hommes»

Restait à trouver la bonne filière de recyclage. « Comme souvent, c’est d’abord une histoire d’hommes », glisse Benoît Grimm, ingénieur d’affaires pour Valo’. Nous étions déjà en contact avec notre voisin florangeois Sovitec, dont le verre de récupération est la matière première. » Sovitec, qui produit des microbilles de verre utilisées pour le marquage routier, connaît dans le même temps des tensions d’approvisionnement. Valo’ va ainsi lui fournir une matière première de qualité (verre blanc plat, sans mastic) issue de la déconstruction des fenêtres.

Un partenariat identique va être conclu avec Veka recyclage. Installée à Vendeuvre-sur-Barse (Aube), cette filiale du groupe allemand Veka a développé un process unique en France, permettant de recycler les chutes de PVC en les transformant en granulés réinjectés dans la production de matière. « En France, la difficulté est de capter les gisements  : sur 40  000  tonnes de déchets issus des chantiers de déconstruction, nous n’en collectons actuellement que 6  000 , témoigne Pascal Antony, responsable des ventes pour Veka recyclage. Valoriser tous les produits valorisables, c’est du bon sens. »

Ce partenariat vertueux, officialisé la semaine dernière à Scy-Chazelles, a déjà permis à Valo’ la création de trois emplois et le recyclage de 200  tonnes de verre et de 95  tonnes de PVC. Une goutte d’eau dans l’approvisionnement en matière première de ses partenaires industriels. « Mais c’est ce type de partenariat inventif qui permet de se développer , assure Isabelle Caire, responsable achat Sovitec. C’est une goutte d’eau, mais le début d’un grand ruisseau. »

Lucie Bouvarel (Le Républicain lorrain)