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Leur vi(ré)e sauvage en forêt de Rhodes [photos]

  • Ici, c'est pas Koh Lanta ! Les aventuriers apprennent à communier avec la nature et la respecter. (Photos AFP)

Isolée dans une forêt lorraine, à Rhodes en Moselle, une douzaine de vacanciers a participé cette semaine à un stage pour se former à la vie en milieu sauvage.

Contrairement à certaines émissions de télé-réalité à succès, ici pas de compétition entre les participants. Mais des conditions de vie un peu spartiates : pour 450 euros les trois jours, les aventuriers dorment à la belle étoile, dans des hamacs entre les arbres, ou à même le sol, sur des peaux de bêtes autour du feu.

«L’idée c’est de se réapproprier la nature, de découvrir qu’elle peut nous nourrir, nous soigner… Des choses que l’homme a complètement oubliées», résume Clément Leroux, le responsable communication du parc animalier de Sainte-Croix, à l’initiative de l’événement.

Pas d’électricité, pas d’eau courante, des toilettes sèches et une bâche en guise d’abri : «Ce n’est pas de la survie, c’est la vie !», sourit Leslie, éducatrice de 32 ans venue du Jura. Pieds nus, un couteau glissé dans la ceinture, la jeune femme est très fière d’avoir appris à allumer un feu en frictionnant des morceaux de bois.

Se rapprocher de la nature

«Ça demande un peu d’entraînement, mais c’est pas si dur», souligne-t-elle. «Je vais utiliser cette technique chez moi, pour allumer mon poêle», appuie Fabrice, 31 ans, herboriste alsacien qui dit se «nourrir» du contact avec la nature.

Pendant trois jours, les stagiaires sont pris en charge par Kim Pasche, 32 ans, un archéologue suisse spécialiste de la préhistoire, devenu trappeur dans le grand Nord canadien, où il vit l’essentiel de l’année.

«Beaucoup de gens sont à la recherche de quelque chose de simple qui les rapproche de la nature», observe le formateur, qui maîtrise la taille des silex et montre volontiers à ses élèves quelques-unes de ses créations personnelles, comme une veste en cuir de caribou, cousue avec des tendons, ou des chaussures tressées en fibres de roseau.

«Notre civilisation a oublié le contact avec la nature sauvage. Quand la nature n’est pas domestiquée, elle nous fait peur. Il faut changer de vision», insiste le trappeur.

Pas question, pour autant, de «lâcher» les participants de manière trop brutale «into the wild» (dans la vie sauvage). Le titre du film de Sean Penn, qui retrace l’histoire vraie d’un jeune Américain parti vivre seul en Alaska, a été repris par les organisateurs du stage lorrain, comme un clin d’œil.

Virée nocturne à l’enclos des loups

Mais «il faut faire les choses par étapes, progressivement», insiste Kim Pasche, dont les élèves sont venus avec leurs vêtements et lampes frontales, et qui se font livrer chaque jour des repas complets par les organisateurs.

«Si on supprime d’un coup tous les éléments de la vie moderne et qu’on demande aux stagiaires de manger des vers, il est peu probable qu’ils auront ensuite une approche positive de la nature», observe le trappeur, qui récuse la vogue des «stages de survie» – lesquels «supposent l’idée que la nature est hostile».

Le soir, les aventuriers discutent autour du feu ou partent dans l’obscurité observer dans son enclos la meute de loups du parc animalier tout proche.

Au moment de revenir à la civilisation, plusieurs stagiaires disent avoir trouvé ces trois jours un peu courts. «Rien que pour tailler une aiguille en os, il faut déjà plus de deux heures», s’amuse Stéphane, infirmier de 43 ans.

«On a juste le temps de picorer les différents thèmes», confirme François, informaticien de 37 ans. «J’ai bien envie d’approfondir, pour une durée plus longue. Deux semaines, un mois, pourquoi pas ?»

Le Quotidien/AFP