Longwy et le Pays-Haut perdent des généralistes (14 en 5 ans) et les perspectives à venir inquiètent, d’autant plus que la tendance n’invite pas à l’optimisme. Non seulement les médecins généralistes libéraux quittent le secteur, mais ceux qui restent sont les plus âgés.
La réunion s’est tenue en fin de semaine dernière dans le Pays-Haut, à Longwy, secteur qui, en 5 ans, a perdu 14 généralistes. Ils ne sont plus aujourd’hui que 40 et les perspectives pour les 5 à 7 ans à venir laissent à penser que leur nombre pourrait passer sous la barre des 30. « De telles évolutions catastrophiques ont déjà eu lieu à Longuyon », fait observer le docteur Vincent Royaux, président de l’Ordre régional : « Les généralistes étaient 11 il y a 6 ans, ils ne sont plus que 6 aujourd’hui, alors même que la population augmente avec l’afflux de frontaliers s’installant en France. »
Rien qu’en Meurthe-et-Moselle, 40 % des secteurs pourraient perdre 50 % de leurs généralistes dans les 5 ans à venir. C’est notamment le cas du Sud-Est du département avec les secteurs de Blâmont, Cirey, Badonviller, Baccarat, « à flux tendus », explique le docteur Royaux.
Alors que le nombre de médecins (toutes spécialités confondues) a augmenté en France de 1,7 % en un an (pour atteindre 200 000 praticiens), le nombre de généralistes a dans le même temps chuté de 6,3 %. Ce glissement vers les spécialités hors médecine générale et vers le salariat est un phénomène qui tend à s’amplifier : « L’exercice libéral n’intéresse plus », constate le président de l’Ordre.
Un vieillissement de la profession
Sur une promotion sortant aujourd’hui de la faculté de médecine, 11,8 % des étudiants se dirigent vers le libéral, 61 % vers le salariat (ils étaient moins de 50 % il y a 10 ans), 20 % exercent en remplaçants, 3,6 % en mixte (public/privé). Après cinq années d’exercice, ils sont 35 % à exercer en libéral, 65 % comme salariés.
« Si de nombreux espoirs ont été fondés sur les maisons de santé, on se rend compte aujourd’hui que, dans un premier temps, elles attirent des médecins de plus de 50 ans », note encore le docteur Royaux. Par ailleurs, en 2013, un rapport de l’IGAS (Inspection générale des affaires sociales) pointait la fragilité financière d’un certain nombre de ces structures.
Pour le président de l’Ordre régional, il y a urgence à revaloriser la profession, à harmoniser les différents secteurs d’activité. Aujourd’hui, un jeune médecin qui décroche un poste salarié en début de carrière gagne en moyenne 3 500 euros contre 2 500 euros pour un jeune généraliste s’installant en libéral et qui se baserait sur une amplitude horaire de 40 h/semaine, compte tenu de ses charges (frais de cabinet, caisse de retraite, assurance complémentaire en cas d’accident du travail, maladie, etc.).
La densité moyenne en France il y a dix ans était de 100 généralistes pour 100 000 habitants. Elle est aujourd’hui de 88,7. « Et 30 % d’entre eux ont plus de 60 ans », rappelle le docteur Royaux.
Pour autant, et même si des signaux comme la généralisation du tiers payant, ne sont pas perçus de manière positive par les médecins, « on ne baisse pas les bras », affirme le président de l’Ordre. « Mais il faudrait que l’on nous donne un peu plus d’armes. » L’Ordre, de son côté, met en place un inventaire des intentions des confrères de 50 ans et plus et entend recenser les besoins dans les maisons de santé, « afin d’améliorer le lien entre les praticiens en exercice et les nouveaux arrivants ».
Marie-Hélène Vernier (Républicain lorrain)