Dans l’Est où les marchés de Noël et défilés attirent des centaines de milliers de visiteurs et touristes, la menace terroriste oblige les communes à mieux sécuriser ces événements et à dépenser davantage. Exemples à Nancy, Colmar, Obernai et Montbéliard.
« L’exemple de Strasbourg (5 morts dans l’attentat du 11 décembre 2018, NDLR) montre qu’on n’est jamais à l’abri », constate l’adjoint à la sécurité de Nancy, Gilbert Thiel, également ancien juge anti-terroriste. Cette attaque « est dans toutes les têtes à chaque réunion » sur la sécurisation du défilé de Saint-Nicolas, renchérit la directrice de cabinet de la préfecture de Meurthe-et-Moselle, Marie Cornet. Chaque année, quelque 100.000 personnes, dont beaucoup d’enfants, assistent à cette célébration du saint patron de la Lorraine, chars et compagnies artistiques parcourent la ville jusqu’à la place Stanislas.
« Je ne dirais pas que c’est ma hantise, mais c’est un sujet de forte préoccupation », souligne Thiel, qui n’avait pas hésité à annuler les festivités après les attentats à Paris en 2015.
La ville s’est dotée de dispositifs antipercutions, de plots en béton et camions positionnés à certains accès, et a installé du grand Est renforcent la sécurité une trentaine de points de filtrage. Des agents municipaux, membres de la réserve civile et citoyenne et policiers municipaux seront mobilisés, ainsi que des agents de sécurité privés. Montant de la facture: 95.000 euros. Policiers, équipes en civil, unités de force mobile et soldats de la mission Sentinelle seront aussi déployés. Mais « on ne fait pas défiler les Sentinelle derrière les chars avec leurs armes, ça renverrait une image détestable », dit Thiel.
Surveillance renforcée à Colmar aussi
1,5 million de personnes sont attendues durant le marché de Noël de Colmar, où la surveillance sera renforcée. « C’est nettement plus en moyens humains » que les années précédentes, indique le maire Gilbert Meyer, sans révéler les détails du dispositif. Le préfet du Haut-Rhin, Laurent Touvet, évoque un « effort significatif », avec une « surveillance visuelle permanente » aux accès, des contrôles aléatoires et un arrêté permettant aux policiers de réaliser palpations et fouilles. Une section de 25 militaires de Sentinelle sera déployée et des policiers allemands seront présents, prêts à porter assistance.
Patrouilles de réservistes à Obernai
Dans cette ville du Bas-Rhin, rien n’a été changé en termes de sécurisation depuis l’attentat de Strasbourg. « On était déjà au maximum » depuis 2015, note Bernard Fischer, maire de cette commune aux jolies maisons à colombages qui attire chaque année jusqu’à 500.000 visiteurs pour son marché de Noël. La sécurisation, qui coûte à la ville de l’ordre de 18.000 euros (somme à laquelle s’ajoutent 20.000 euros pour la présence des agents de police municipale), passe par des blocs anti-intrusions et des patrouilles de réservistes avec le renfort de la gendarmerie nationale. « On ne mégote pas avec la sécurité », assure l’édile.
Budget sécurité triplé à Montbéliard
Montbéliard la ville du Doubs a triplé son budget sécurité depuis 2015, passé de 80.000 à 250.000 euros. « C’est le lot de tous les marchés de Noël », dit la maire, Marie-Noëlle Biguinet.
Pour l’édition 2019, « le dispositif sera identique à l’année dernière, voire renforcé », a indiqué la municipalité, sans vouloir le détailler. Elle espère attirer entre 450.000 et 500.000 personnes avec son marché, baptisé « Les Lumières de Noël », le plus fréquenté de Bourgogne-Franche-Comté.
LQ / AFP