Les Luxembourgeois auteurs d’infractions dans toute la France ne pourront plus se soustraire à la verbalisation. Et vice-versa!
La nouvelle a été annoncée par le délégué interministériel français à la Sécurité routière, Emmanuel Barbe, dans une interview au Républicain lorrain.
Vous venez annoncer en Moselle aujourd’hui l’égalité de traitement en matière de verbalisation routière entre France et Luxembourg, c’est bien cela?
Emmanuel Barbe, délégué interministériel à la Sécurité routière : Oui, c’est exact. Il existait déjà des accords entre la Meurthe-et-Moselle, la Moselle et le Luxembourg pour que les infractions commises par les Luxembourgeois soient poursuivies. Désormais, et c’est en vigueur depuis quelques jours, en application d’une directive européenne, cet échange d’informations vaudra pour la France et le Grand-Duché dans leur intégralité. Évidemment, cela ira dans les deux sens.
Concrètement, qu’est-ce que cela signifie pour les automobilistes?
Un Français qui se rend au Luxembourg et y commet une infraction relevée par un radar recevra l’amende correspondante par la Poste. Il fera mieux de s’en acquitter, sinon il aura des problèmes en retournant au Grand-Duché. En sens inverse, les Luxembourgeois ou ceux qui circulent avec des plaques luxembourgeoises, et ils sont nombreux, recevront également l’amende chez eux. Le but? C’est que tout le monde soit égal devant la loi.
Luxembourgeois ou Français roulant avec les plaques luxembourgeoises commettent près de 100 000 infractions en France par an. Le but est-il aussi de récupérer l’argent de ces contraventions?
Oui, 100 000 en 2015. C’est la proportion qui interroge : le Luxembourg compte 500 000 habitants, soit environ autant de véhicules, dont une part importante de véhicules de société. En comparaison avec l’Italie par exemple, les Luxembourgeois commettent beaucoup plus d’infractions en France : l’Italie, c’est (seulement) 480 000 infractions, l’Allemagne, le pays le plus peuplé d’Europe, 411 000 infractions. J’insiste une nouvelle fois pour dire que l’argent des radars est indifférent à la politique de sécurité routière […] Simplement, il n’y a aucune raison qu’un Français qui roule en Moselle en respectant les limitations se fasse dépasser par quelqu’un qui a une plaque luxembourgeoise et qui fonce parce qu’il sait ne rien risquer. Ce qui rend le système des radars insupportable à nos compatriotes, c’est l’inégalité devant la loi. C’est à cela que nous répondons. Les autorités luxembourgeoises sont sur la même ligne que nous car ils rencontrent le même problème.
En France, le nombre de morts sur les routes remonte en 2014 et 2015 malgré une politique volontariste de Bernard Cazeneuve depuis début 2015. Pourquoi?
Nous sommes en train de refondre la stratégie de sécurité routière, face à un phénomène qui est, c’est vrai, résistant. On aura en 2015, je n’ai pas encore les chiffres, une hausse du nombre de morts autour de 2,5 %, soit une progression inférieure à celle de 2014 (+3,7 % par rapport à 2013). Bon, nous avons été marqués par la catastrophe de Puisseguin (43 morts le 23 octobre). À noter que nous aurons un nombre d’accidents corporels singulièrement moins important et aussi moins de blessés hospitalisés. Bref, les accidents sont moins nombreux mais plus graves. Ce qui veut dire que le problème numéro un, c’est la vitesse. On mesure une augmentation des vitesses moyennes, singulièrement sur autoroute. En octobre, nous avons revu notre stratégie radars. Il y aura des leurres, qui mettent l’usager dans l’incertitude d’être flashé ou pas; nous installerons aussi des panneaux signalant des radars autonomes (NDLR : montés sur remorque, reliés au réseau 3G), qui peuvent bouger. 150 seront déployés d’ici fin 2016 et 150 de plus en 2017. N’oublions cependant pas que cette forme de relâchement des conducteurs et de remontée de l’accidentologie est subie par l’Allemagne (+2 %), par exemple, pour la deuxième fois consécutive. Il y a donc dans la société un phénomène de moindre respect des règles.
Propos recueillis par Alain Morvan (Le Républicain lorrain)