Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Les cafés-concerts survivent dans un contexte qui ne leur a jamais été si peu favorable. À leur tête, des hommes passionnés, mémoires vivantes d’une scène en voie d’extinction. Gros plan sur l’Entr’pot à Audun-le-Tiche.
« Lorsque j’ai ouvert mon café avec pour projet d’y faire des concerts, j’étais juste un passionné de musique qui a lâché son boulot au Luxembourg pour n’en faire qu’à sa tête ». Il y a quasiment vingt-quatre ans, le 7 août 1992, Franco Provenzano, accompagné de sa femme Corinne et de son pote Alain Platini crée L’Entr’pot. À peine une semaine plus tard, un concert est donné et la belle histoire est lancée !
Aujourd’hui, le café-conc’a bien changé : une véritable et grande scène adaptée, où les musicos ont simplement besoin de ramener leurs instruments, une loge remplie de posters et d’affiches de concerts et surtout, du matériel d’enregistrement, mis à disposition par l’association Entr’pot Scène Son et Lumière.
« Nous voulions que les petits groupes de la région qui n’ont pas beaucoup de moyens puissent venir enregistrer leurs albums dans des conditions studio », explique Franco Provenzano. « Nous avons donc construit notre propre pièce d’enregistrement il y a trois ans et nous avons aussi la possibilité de capturer, en vidéo ou uniquement audio, les lives de groupes qui se produisent sur scène. » Un sérieux plus pour le café de la rue Napoléon.
Et si ce dernier rencontre toujours (presque) autant de succès que dans les années 90, c’est grâce à sa politique qui a su évoluer avec son temps. Sa clientèle est constituée d’un noyau d’habitués à qui se greffent d’autres passionnés le temps d’un concert. L’ Entr’pot représente absolument tous les styles musicaux, du classique au rock, en passant par le reggae et le jazz. « Nous ne voulons pas rester coincés dans un genre en particulier, nous voulons être larges et donner du bonheur à tous les publics. »
Outre cet éclectisme musical, l’Entr’pot a aussi réussi à mettre en place tout un système de solidarité entre les artistes. Qu’ils soient locaux ou connus à grande échelle, ces derniers peuvent se produire sur scène. Bien souvent, les têtes d’affiche sont accompagnées de premières parties régionales. « C’est tout un roulement, explique Franco Provenzano. Les artistes connus aident grandement à la notoriété du café. Cette même notoriété qui aide les nouveaux artistes à se faire connaître ! »
Et les bonnes surprises sont nombreuses, presque autant que les têtes d’affiche passées par Audun-le-Tiche, comme Red Fang, Eiffel, Ana Popovic, Larry Carlton, NyaMan ou encore Jennifer Batten, la légendaire guitariste de Mickael Jackson. « Nous avons aussi eu les Larkin Poe, avant qu’elles soient mondialement connues , raconte le propriétaire. C’était il y a pile un an. Aujourd’hui, les gens payent des dizaines d’euros pour les voir en première partie de Queen , c’est absolument dingue ! »
Une formidable mentalité, pour un café tenu et fréquenté par des passionnés. Le corps et l’âme de la Musique. Avec un grand M…
Le Républicain lorrain
