Le célèbre fabricant de chariots Caddie, repris en 2022 par le groupe Cochez, a été placé mardi en redressement judiciaire par la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Saverne (Bas-Rhin), a-t-on appris auprès de l’avocat du CSE.
L’entreprise de Dettwiller (Bas-Rhin), qui emploie 110 salariés et tourne au ralenti depuis plusieurs mois, a été placée en observation jusqu’au 2 juillet, date à laquelle la justice fera de nouveau le point, a indiqué à la presse Pierre Dulmet, à l’issue d’une audience à huis clos de moins d’une heure.
Présent, le patron du groupe Cochez, Pascal Cochez, n’a pas souhaité s’exprimer.
Il s’agit depuis 2012 du quatrième redressement judiciaire de l’entreprise.
Selon Me Dulmet, Caddie présente une dette « connue » d’environ « 700.000 euros » d’impayés à l’Urssaf.
« Je ne peux pas vous dire quelle est la cause du redressement », a expliqué l’avocat. Il a toutefois pointé le transfert « embêtant » il y a quelques années au polonais Damix – qui avait racheté en 2018 l’entreprise alsacienne – de la fabrication de porte-valises pour les aéroports ou les hôtels.
Cochez, qui a repris Caddie quatre ans plus tard, « a subi ce transfert, il n’y est pour rien », a noté Me Dulmet.
Mais c’est une « activité rentable » alors que Caddie « ne produit plus que des chariots de supermarché à faible valeur ajoutée », sur un marché « hyper-concurrencé », a-t-il relevé. Une « piste intéressante » serait donc de relancer cette activité en Alsace : « Caddie peut le faire » mais « il faut repartir de zéro » et « mettre de l’argent » sur la table.
« On a un mois pour essayer de trouver des solutions pérennes », a-t-il dit aux journalistes. Le groupe Cochez pourrait de son côté présenter un « apurement du passif » avec un nouveau projet industriel, mais qui « ne serait pas la fabrication de chariots comme aujourd’hui », a avancé Me Dulmet, qui a mis en garde : « si on arrête la fabrication de chariots, c’est très problématique, il y a de gros risques sur l’emploi ».
« Sur une carrière professionnelle, ce n’est pas normal d’être quatre fois en redressement judiciaire (…) L’état d’esprit est au plus bas », a réagi un délégué syndical CFDT, qui a refusé de donner son nom.
Les salariés, dont une dizaine attendaient devant le tribunal, « vont apprendre la nouvelle (…) et ça va encore une fois (les) toucher énormément » mais « on ne baissera pas les bras », a-t-il ajouté.
Menacé de liquidation judiciaire, Caddie avait été repris en 2022, avec l’aide de fonds publics, par le groupe Cochez, spécialisé dans le transport et les services industriels et basé à Valenciennes, dans le Nord.
En mai 2023, l’entreprise avait annoncé arrêter sa production de chariots de supermarché en plastique, arguant d’un souci environnemental.
Nom déposé en 1959 et inspiré du golf, Caddie, dont les origines industrielles et alsaciennes remontent à 1928 avec des produits en fil de fer, a connu son heure de gloire avec l’essor de la société de consommation, indissociable du chariot métallique pour les grandes surfaces, avant de rencontrer des difficultés.