Le Luxembourg a officiellement lancé sa présidence du Sommet de la Grande Région, jeudi. Rapprochement entre citoyens et lutte contre le chômage des jeunes en seront les lignes directrices.
Le parallèle fait entre Grande Région et UE est loin d’être anodin : en effet, selon Xavier Bettel, «la Grande Région constitue un modèle et une source d’inspiration». Et ce n’est certainement pas sa ministre à la Grande Région, Corinne Cahen, qui le contredirait, elle qui détient également le portefeuille de l’Intégration.
Car la Grande Région est, avant tout, une histoire d’intégration des différentes populations la composant et, de surcroît, «une sorte de laboratoire européen», selon les termes de la ministre. Un genre d’Union européenne à petite échelle, en somme, au sein de laquelle on cultive des valeurs communes, telles que le rejet de l’intolérance, des extrémismes ou de la xénophobie et ce, au nom de la paix et du vivre ensemble.
Après avoir posé les jalons du cadre général dans lequel s’inscrira la présidence luxembourgeoise de cette institution que représente le Sommet de la Grande Région, Corinne Cahen est passée au volet des annonces concrètes. La lutte contre le chômage des jeunes, en premier lieu, sera l’un des axes prioritaires de cette présidence.
Trois projets phares, s’adressant à des jeunes en difficulté, ont ainsi été présentés à tour de rôle. Il s’agit des programmes «Training without borders», axé sur la formation professionnelle, «Urban Art», qui se focalise sur l’expression artistique des jeunes en milieu urbain, et «Volontariat écologique» qui, lui, fait la part belle à l’engagement civique. Tendre la main aux jeunes qui n’ont pas été gâtés par la vie : tel est le fil rouge de cette mission d’assistance, à laquelle différents lycées de la Grande Région participent, dont le lycée technique de Bonnevoie (LTB).
Une forte dimension parlementaire
Dans cet esprit global de volonté d’aider cette jeunesse cassée par la vie, la présidence luxembourgeoise s’attachera à «rapprocher la Grande Région des citoyens et vice versa», dans un souci de favoriser le dialogue transfrontalier dès le plus jeune âge. Et le gouvernement compte bien intégrer l’apprentissage des nouvelles technologies de l’information et de la communication autour de ce dialogue citoyen.
Car les enjeux de la numérisation feront partie intégrante de ces échanges qui s’affranchiront des frontières étatiques, comme l’ont souhaité les pères fondateurs de l’Europe, à l’époque de la CECA et de la CEE.
Suivant cet objectif de dialogue citoyen prôné, le gouvernement envisage la mise en place d’une assemblée parlementaire pour jeunes. Si ce projet est encore en gestation, la dimension parlementaire interrégionale chez leurs aînés est, elle, déjà bien réelle. En effet, comme l’a rappelé la vice-présidente de la Chambre des députés, Simone Beissel, cette fonction est assurée par le Conseil parlementaire interrégional (CPI), que le premier citoyen du pays, Mars Di Bartolomeo, présidera durant deux ans.
Les questions afférentes à la mobilité transfrontalière, à l’énergie, au social, au logement, ou encore à la fiscalité, y seront débattues, «même si certaines de ces questions risquent de fâcher !», a prévenu la doyenne de la Chambre des députés, en faisant certainement allusion à des sujets sensibles tels que Cattenom ou Tihange. Mais s’il s’agit de «se fâcher» avec ses voisins pour le bien de la Grande Région, pourquoi ne pas foncer ? Bonne présidence !
Claude Damiani
Péage, populisme, fiscalité et Grand Est : c’est aussi cela la Grande Région
«Non aux autoroutes payantes en Allemagne !»
Werner Schreiner, chargé de la collaboration transfrontalière par la ministre-présidente de Rhénanie-Palatinat, Malu Dreyer (tous deux SPD), a réitéré son rejet du projet de péage sur les autoroutes allemandes (sous la forme d’une vignette), si celui-ci ne devait pas prévoir d’exceptions ou de règles spécifiques pour le trafic transfrontalier.
«Les Länder de la Rhénanie-Palatinat, de la Sarre, mais également du Bade-Wurtemberg s’opposent au projet du ministre Alexander Dobrindt (CSU) et je ne pense pas que ce projet passera sous la législature actuelle», a-t-il estimé.
«La Grande Région doit s’opposer aux populismes»
Le ministre des Finances et des Affaires européennes du Land de Sarre, Stephan Toscani (CDU), a lui souligné que la Grande Région devait avoir l’ambition de continuer à se développer et de s’engager contre la montée des populismes d’extrême droite.
«La Grande Région doit clairement s’opposer aux populismes», a-t-il déclaré. Interrogé sur le nouveau voisin de la Sarre, à savoir la région Grand Est, le ministre a jugé qu’il s’agissait-là d’«une chance d’avoir enfin un seul partenaire, en vue de se rapprocher encore davantage».
«Il faut des réponses au niveau du droit fiscal»
Si président du conseil départemental de la Moselle, Patrick Weiten (UDI), estime que «la mobilité est un énorme problème dans la Grande Région», il est également d’avis qu’il faut trouver des solutions à d’autres niveaux, à savoir dans les domaines du droit fiscal, du droit social et du droit des entreprises.
«Il faut trouver des réponses à ces questions», a-t-il suggéré. Avant, pour l’ancien maire de Yutz, d’appeler ses partenaires à «répondre aux exigences de la jeunesse, afin qu’elle se sente bien au sein de la Grande Région et qu’elle se sente également européenne».
«Une chance magnifique de participer au sommet»
Pour le préfet de la nouvelle région Grand Est, Stéphane Fratacci, le lancement officiel de la présidence s’apparentait forcément à une grande première. En effet, la nouvelle région française, qui regroupe l’Alsace, la Lorraine et la Champagne-Ardenne, «découvre» les attraits de la Grande Région.
«Il s’agit d’une chance magnifique de participer au sommet, de par l’opportunité pour le Grand Est de réaliser le ‘trait d’union’ entre l’espace rhénan et la Grande Région», s’est-il réjoui, avant d’appeler au «rapprochement des citoyens».
«Le sommet est entre de bonnes mains !»
René Collin, le ministre wallon de l’Agriculture, délégué à la représentation à la Grande Région (cdH), s’est dit particulièrement confiant concernant le passage de témoin de la présidence du sommet de la Grande Région, le 1er janvier dernier (entre la Wallonie et le Grand-Duché), notamment car «le Luxembourg a toujours été à la pointe du projet européen».
Dans ce sens et par mimétisme, il estime que la présidence du sommet de la Grande Région «est entre de bonnes mains» et, que «l’ambition de la ministre Corinne Cahen est légitime».