Les locaux du Secours Populaire français de Metz ont été cambriolés, dimanche 9 mai. Et il y a quelques jours, des bénévoles ont été menacés. La présidente, Marie-Françoise Thull, exprime un sentiment d’inquiétude pour les associations caritatives.
Rue aux Ossons à Metz, toutes les serrures viennent d’être changées et les bénévoles du Secours Populaire français (SPF) s’emploient à mettre de l’ordre et vérifier l’ensemble des accès. « Nous avons été cambriolés dimanche », explique Marie-Françoise Thull, la présidente de l’association caritative pour la Moselle. Les voleurs sont entrés par la porte d’accès principale, « ils ont scié le barillet pour enlever la serrure »
7 000 € de préjudice
Le préjudice est important : il s’élève à quelque 7 000 €. « Nous avions les recettes d’une braderie organisée quelques jours avant. Ils ont été directement où se trouvait l’argent, ils ont pris tous les ordinateurs, les téléphones… Ils ont cherché des choses négociables rapidement. Ils ont également pris toutes les clefs. Par contre, ils n’ont pas touché aux marchandises, ni aux vêtements. Ils n’ont rien saccagé. » Ce qui rassure quelque peu la présidente : « Ils n’ont pas agi ‘‘contre’’ le SPF ».
Reste que dans les locaux du Secours populaire, tout le monde est sous le choc. D’autant plus que la méthode utilisée « fait l’effet de quelqu’un qui connaît les lieux », confie Marie-Françoise Thull. Ce qui implique une atmosphère de suspicion. Les interrogations vont bon train. « C’est choquant, reprend, la présidente, car tout le monde sait qu’une partie de la population souffre. On s’en prend à des familles, à des jeunes qui n’ont plus rien. Cet argent est dédié à des gens en très grande difficulté. Et en cette période de crise sanitaire, la situation s’est aggravée. Les gens qui ont fait ça sont à côté de la plaque ou n’ont vraiment aucune conscience de leur geste. »
C’est également un sentiment d’échec qu’éprouve Marie-Françoise Thull. « L’idée de solidarité, de respect de l’autre, de fraternité que l’on essaye de faire passer est mise à mal. Une association humanitaire est un espace de liberté, de bienveillance et d’éducation. »
Le sentiment d’agression est d’autant plus prégnant qu’il se conjugue à des menaces de mort et d’incitation à la haine formulées , il y a quelques jours, envers des membres de l’association qui s’investissent beaucoup. « Nous avons porté plainte. »
« Nous sommes au service de l’autre »
Marie-Françoise Thull exprime aujourd’hui un profond malaise : « Les associations humanitaires sont moins bien prises en compte. Les gens ne supportent plus qu’on s’occupe de personnes en difficulté, voire de migrants. » La présidente estime encore que « dans le monde politique, les associations n’ont plus le droit à la parole alors que nos valeurs reposent sur les fondements de la République, les droits de l’homme. Nous sommes au service de l’Autre. »
Elle s’inquiète « d’une société qui se raidit car les citoyens n’ont plus la liberté d’agir. Il faut rendre les gens responsables. Nous sommes à un tournant dangereux en ce qui concerne la liberté de chacun. »
Anne Rimlinger (Le Républicain Lorrain)