Il était un homme de foi, et un grand intellectuel. Serge Bonnet fut aussi un écrivain, il a fondé avec Daniel Mengotti et François Guillaume le Village du Livre de Fontenoy-la-Joûte et est à l’origine de la création des Éditions Serpenoise, la société d’édition du Républicain Lorrain.
Le père Serge Bonnet, une des figures marquantes de la Lorraine industrielle et ouvrière, celle des usines et des mines du pays Haut et de Moselle, celle du monde rural des années soixante à 1990, s’est éteint vendredi à l’âge de 91 ans. Serge Bonnet était né en 1924 dans une modeste famille d’agriculteurs de la Marne.
Il aimait les humbles
C’était un personnage riche et chaleureux, aimant les humbles, animé par une foi rayonnante, avec une stature imposante et une voix qui savait être forte ou douce. Il était d’abord un religieux, bien que rien à l’origine n’eût prédestiné le gamin, qui n’aimait pas l’école et était réfractaire au catéchisme, à emprunter les chemins de la religion.
Dominicain, vêtu d’une robe blanche, il était « un frère prêcheur ». Dans son couvent, sa paroisse, lors de cérémonies familiales, ou amicales, « il était toujours là pour baptiser, marier, enterrer » disait de lui son ami l’écrivain Daniel Rondeau. « Le catholicisme de Serge Bonnet fonde sa vie. Il est sa vie même. C’est un pèlerin magnifique de la vie humaine », écrivait-il encore à l’occasion du 800ème anniversaire de la fondation de l’ordre des Dominicains.
« L’homme du fer »
Mais c’est surtout par son travail d’universitaire mené au sein du groupe de sociologie des religions qui œuvrait au sein du CNRS qu’il s’est fait connaître du plus grand nombre. Directeur de recherche en 1977 au CNRS, il explore inlassablement les trois axes qui guideront sa quête : la religion, la politique et la vie ouvrière.
« L’homme du fer » est son chef-d’œuvre, que des générations d’enseignants et d’étudiants ont lu et relu. Cette série de quatre volumes, publiée aux Presses Universitaires de Nancy rassemble les textes, les témoignages et les souvenirs commentés par le Père Bonnet des mineurs et sidérurgistes Lorrains de 1889 à la fin de l’épopée industrielle. Dans cette somme, qui reste aujourd’hui encore, un travail de référence, il témoigne de son attachement profond à la classe ouvrière.
En 1981, il publiera « la « Ligne rouge des hauts fourneaux », consacré aux grandes grèves qui agitèrent le Bassin de Longwy en 1905. Il était la voix, la conscience et la mémoire d’une société disparue, avant que la maladie d’Alzheimer ne l’engloutisse. Mais ses travaux servent toujours de matériau de base aux recherches des historiens, anthropologues, qui étudient cette période de l’histoire de la Lorraine.
Il sera inhumé mercredi 23 décembre à 10 h à Sainte-Menehould, berceau de sa famille.