Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Non, Pierre Cuny n’a pas changé de cap. Sur le plan démographique, le maire vise une dizaine de milliers d’habitants supplémentaires à l’horizon 2032. Et… oui, Pierre Cuny souhaite ralentir les constructions dans une zone de la ville. On démêle le vrai du faux.
Pierre Cuny a revu à la baisse ses ambitions démographiques : FAUX
Médecin de profession, Pierre Cuny sait que les effets d’un traitement se mesurent sur la durée. Pour doper la croissance démographique de sa ville , le maire a administré un traitement de choc dès 2016 : «Pour maintenir le niveau de population de la ville, Thionville a besoin de 250 logements nouveaux par an, chiffre-t-il. On ne comptait que 180 logements sous la municipalité précédente, d’où une perte d’habitants (une centaine) constatée par la suite. Car en matière de démographie, toute décision prise à l’instant T trouve ses effets six, sept ans plus tard.»
Justement, nous y sommes aujourd’hui : en six ans, cette majorité totalise la création de 2 586 logements «dont 1 000 logements sociaux… Et ce n’est qu’un début.» Le cap est gravé dans le marbre du schéma de cohérence territoriale (SCoT). Il vise à faire entrer Thionville (40 778 habitants recensés en 2019) dans la galaxie des villes de plus de 50 000 habitants : «L’objectif est de ramener 10 000, voire 12 000 habitants supplémentaires à l’horizon 2032. Soit créer 6 000 logements.»
Les programmes immobiliers vont être gelés dans plusieurs quartiers : VRAI
Cette décision peut apparaître à contre-courant de l’ambition décrite plus haut. Et pourtant, Pierre Cuny l’assume : «Nous allons ralentir, du moins être très attentifs aux projets immobiliers sur Beuvange, Volkrange, Metzange, Elange et Veymerange.»
La raison tient au rééquilibrage amorcé de la ville. Ces prochaines années, un nouveau quartier va pousser sur la rive gauche. Un autre ensemble immobilier lui fera écho sur la rive droite, quartier gare. Pierre Cuny a une approche mathématique quant aux incidences démographiques de ces deux nouvelles zones d’habitat : «Cela représente 1 800 logements à venir. Nous en avons déjà réalisé presque 2 600. Dans notre prévisionnel, il nous restera donc seulement 1 700 logements pour arriver à l’objectif fixé. Notre intérêt est donc de lisser ces nouvelles constructions dans le temps.»
L’intérêt consiste aussi à ne pas congestionner cette partie ouest de la ville, très convoitée : « Il n’y a pas un jour sans qu’on ne me propose un projet immobilier dans ces quartiers… Cet appétit témoigne de leur attractivité, mais encore faut-il mettre à niveau l’ensemble des services publics pour répondre à ces demandes. Nous allons par exemple construire un nouveau périscolaire sur Volkrange et nous avons aussi ce projet de nouveau multi-accueil à la frontière avec Terville. En attendant, et aussi pour préserver la qualité de vie et l’identité des villages, il faudra modérer les constructions.» Combien de temps ? «Deux ans, je pense.»
Il ne sera plus possible de construire dans ces quartiers : FAUX
Cette volonté municipale ne concerne que les programmes immobiliers d’envergure : «J’exclus de ma vision les maisons individuelles et les travaux d’extension sur de l’habitat existant. Je ne ferme pas non plus complètement la porte aux petits collectifs. Même si j’incite, fortement, les promoteurs à partager notre vision…»
Le maire joue donc la carte du dialogue avec les bâtisseurs. Il pourrait user d’une arme légale pour repousser les demandes de permis de construire, en l’occurrence un sursis à statuer jusqu’à l’adoption du prochain Plan local d’urbanisme : «Ce n’est pas d’actualité», tranche-t-il.
