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Le maire de Metz n’a jamais songé à annuler le marché de Noël


(Photo : Le Républicain Lorrain)

Une semaine après les attentats de Paris, le maire de Metz, Dominique Gros, appelle à ne pas reculer face aux menaces terroristes. Annuler les marchés de Noël ? L’élu socialiste dit n’y avoir jamais songé.

Dans quel état d’esprit êtes-vous une semaine après les attentats de Paris ?

Dominique Gros, maire de Metz : « Dans un état d’esprit de tristesse et de réflexion. De tristesse parce que tous les Français sont encore en deuil. On n’a pas encore enterré les victimes des attentats, dont les deux jeunes Messins, Marie Lausch et Mathias Dymarski. Mais en même temps, il est indispensable d’afficher notre détermination. Il faut montrer que l’on ne recule pas face au terrorisme. Metz est une ville où l’on peut faire la fête, où l’on peut aller au restaurant ou au cinéma librement, avec un esprit de sécurité. »

Pourquoi avez-vous souhaité organiser un rassemblement (le samedi 14) en hommage aux victimes, alors que c’était déconseillé par les services de l’État ?

« Ce n’est pas dans mon état d’esprit naturel de reculer, je suis plutôt dans l’action. Il me paraissait indispensable que les Messins se rassemblent, se recueillent. Que l’on rappelle nos valeurs, celles de la République, et que l’on se réunisse autour de nos symboles : le drapeau bleu-blanc-rouge, La Marseillaise. Je l’ai fait dans un esprit d’unité, c’est d’ailleurs pour cela que j’y ai associé tous les membres de mon conseil municipal. »

La population est inquiète. Que dites-vous aux Messins que vous rencontrez pour les rassurer ?

« Cette semaine, j’ai rencontré des gens qui avaient besoin de parler, d’exprimer ce qu’ils avaient ressenti et qui n’attendaient pas forcément qu’on leur donne une solution. Les gens étaient en état de sidération parce qu’ils se sont tous sentis visés directement. C’était une attaque frontale pour tout le monde, ce sont nos modes de vie qui ont été menacés. »

La réponse apportée par l’État après ces attentats est-elle à la hauteur, selon vous ?

« La machine étatique a bien fonctionné à tous les niveaux. Que ce soit le président de la République, le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur et bien sûr, toutes les forces de sécurité. Les moyens supplémentaires donnés à la police, la justice et la gendarmerie, et l’arrêt de la déflation des effectifs militaires vont dans le bon sens. »

À Metz, en quoi le dispositif de sécurité a-t-il évolué depuis le 13 novembre ?

« On a protégé un peu plus les bâtiments publics. Mais le plus important, c’est la coordination renforcée avec les services de l’État. Le dispositif de sécurité est sous les ordres du préfet. Il y a des réunions quotidiennes en préfecture, au cours desquelles sont déterminés les moyens déployés (police, gendarmerie et armée) sur chaque événement. Notre police municipale, qui compte 130 agents, dont 92 policiers, vient en accompagnement de ce dispositif. Au lendemain des attentats de janvier, j’avais souhaité que l’on arme nos policiers municipaux. Pour nous, c’est une façon d’asseoir l’autorité de la force publique. »

D’autres mesures concrètes vont-elles être prises ?

« Il a également été décidé, afin d’éviter les mouvements de panique, d’interdire l’utilisation d’objets provoquant des détonations, que ce soit des pétards ou des feux d’artifice. Le traditionnel feu d’artifice de Saint-Nicolas ne pourra donc pas avoir lieu à Metz. »

Strasbourg a failli annuler son marché de Noël. À Metz, avez-vous également hésité à l’annuler ?

« Non, pas du tout. La première chose que je me suis dite, c’est : comment on fait pour les maintenir ? Quelles mesures va-t-on devoir prendre ? On ne recule pas devant le terrorisme, mais il faut se donner les moyens de continuer à avancer. Des mesures exceptionnelles ont donc été prises pour assurer la sécurité des deux millions de visiteurs des marchés de Noël de Metz. »

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L’état d’urgence a été prolongé pour trois mois. Comprenez-vous ceux, dont quelques députés de gauche, qui s’inquiètent d’éventuelles dérives ?

« Je sais d’où l’on vient. Mais le pragmatisme en politique, c’est de tenir compte des nouvelles réalités. Les circonstances l’imposaient, car cela va permettre aux enquêteurs d’agir plus efficacement. On déroge à certaines de nos lois, dans le cadre de cette urgence, mais avec la perspective d’y mettre fin dans trois mois. »

Propos racistes, amalgames, repli sur soi : on a le sentiment que les attentats ont pu raviver certaines formes d’intolérance dans le pays. Cela vous inquiète ?

« La réponse à apporter passe par la culture et l’école. Cela s’apprend à travers le vivre ensemble. C’est pour cela que j’ai décidé de sanctuariser les budgets de l’éducation et de la culture. On a la chance de vivre dans un pays extraordinaire. Il faut donc tout mettre en œuvre pour défendre et promouvoir les valeurs de la République. »