L’annonce a été faite par la ministre de l’environnement du land de Rhénanie-Palatinat. C’est bien un loup qui a dévoré un cervidé dans la forêt du Ludwigswinkel, à un jet de pierre de l’Alsace.
Le 28 août dernier, les restes d’un cerf en partie dévoré, étaient retrouvés en Allemagne, dans la forêt de Ludwigswinkel dans le Pfälzerwald à la frontière avec la France, à cinq kilomètres à vol d’oiseau d’Obersteinbach en Alsace, près de Bitche en Moselle. Comme il y avait de fortes présomptions que c’était là l’œuvre d’un loup, des échantillons ont été envoyés en laboratoire à des fins d’analyse génétique. Les premiers résultats, dévoilés par Ulrike Höfken, ministre de l’Environnement de Rhénanie-Palatinat, confirment la présence du loup, de souche européenne du Nord-Est qui plus est. Des analyses plus approfondies de l’ADN retrouvé sur le cerf permettront d’en savoir plus sur sa meute d’origine et donc sur le trajet qui l’a amené jusqu’aux portes de l’Alsace.
Convergence en Alsace
Tout récemment encore, en juin, le cadavre d’un jeune loup, percuté par une voiture, avait été découvert près de Lahr au bord de l’autoroute A5. C’était la première apparition du loup dans le Bade-Wurtemberg après 150 ans d’absence Les tests génétiques ont permis de déterminer que l’animal, de lignée italo-alpine, était venu de la région des Grisons en Suisse.
Les deux souches de loup gris, l’italienne qui remonte vers le nord via les Alpes, le Jura et maintenant les Vosges, et la polonaise qui descend via l’Allemagne semblent converger en Alsace. Pas de doute : la dynamique de colonisation est en marche, même si côté alsacien, les observations se stabilisent.
Depuis le 26 mars 2011 quand un piège photographique avait capturé l’image d’un loup mâle dans le massif du Grand Ventron, l’espèce Canis lupus est considérée comme installée de façon permanente dans les Hautes-Vosges.
Entre-temps, en mars 2012, l’ONCFS, office national de la chasse et de la faune sauvage et son réseau loup-lynx, avait repéré deux traces rectilignes bien distinctes dans la neige ; à l’urine laissée par un des mammifères, on a conclu que l’un des deux loups était une femelle. Pendant plusieurs mois après cela, les loups n’avaient laissé pour seules traces de leur existence que des cervidés (côté alsacien) et des brebis (côté vosgien) éventrés.
La présence d’un couple ainsi avérée, il fallait s’attendre à la naissance d’une meute, intuition vérifiée à l’été 2013. Dans la nuit du 29 au 30 août, lors d’une campagne dite de « hurlements provoqués » (on imite le cri du loup pour déclencher une réponse), des hurlements aigus, typiques de louveteaux s’étaient fait entendre sur les hauteurs de la grande vallée de Munster. La même année, des éleveurs signalaient plusieurs cas de prédations sur leurs troupeaux de mouton,
Mais la faune sauvage a ensuite semblé suffire à nourrir la meute dont les traces repérées dans la neige durant l’hiver 2013-2014 ont permis de conclure qu’il y avait deux louveteaux..
Fin janvier 2014, à quelques jours d’intervalle, un piège photographique posé par le CROC, (centre de recherche et d’observation sur les carnivores) surprenait un loup dans la forêt domaniale de Haslach, sur le ban communal de Still avant qu’un autre ne capture une nouvelle image (du même animal ?) à Walscheid en Moselle, à une quinzaine de kilomètres de là. Depuis, pas grand-chose si ce n’est des prédations de ci, de là illustrant la dispersion de l’espèce jusqu’en Haute-Marne, dans l’Aube et la Meurthe-et-Moselle. L’absence de neige sur les hauteurs l’hiver dernier a empêché toute observation de traces.
Simone Wehrung (Le Républicain lorrain)