Inauguré en 2014, la salle de concert a contribué, en une décennie, à faire évoluer l’image de la vallée industrielle.
Ce soir-là, Clinton Fearon & the Boogie Brown Band faisaient vibrer la corde sensible pour la première fois. Au fond de la piscine, vidée depuis 2010, le public se noyait dans l’allégresse. Sur les têtes, les bonnets n’étaient plus tout à fait les mêmes. Ce soir-là, le 14 octobre 2014, le Gueulard Plus vivait son premier concert. C’était il y a dix ans.
Il aura fallu 21 mois de travaux, et quelque 7 millions d’euros d’investissement, pour transformer l’ancienne piscine communale de Nilvange en salle de musiques actuelles.Un outil pour faire rayonner la villeRené Gori, maire de 2001 à 2014, se rappelle très bien des conditions dans lesquelles est née celle qu’il nomme affectueusement «mon bébé» : «Dans le Val de Fensch, il y avait cinq piscines. C’était trop, il fallait fermer les plus coûteuses. J’ai monnayé cette fermeture, puisqu’on avait aussi fermé le collège. C’est comme ça que la piscine est devenue le Gueulard Plus.» Surfant sur l’impulsion donnée par la Drac et la Région pour développer les musiques actuelles sur le territoire, le projet a profité d’une dynamique de financement. Le «G +» est né en même temps que la BAM à Metz, ou que La Souris Verte à Épinal. Malgré la forte densité de salles de spectacle dans le secteur, il n’a connu ni opposition politique ni défection du public. Mieux : le Gueulard Plus a participé à faire rayonner la commune et la vallée de la Fensch dans un large périmètre.
Changer l’image industrielle de la vallée
«Il y a des indicateurs qui ne trompent pas. Dès le début, il a fallu créer un parking. Les voitures se garaient dans la cour de l’école. On retrouvait des taches d’huile par terre… Et puis, je me souviens du vendeur de pizzas, qui faisait son chiffre les soirs de spectacle!», se remémore Moreno Brizzi, le maire de Nilvange de 2014 à 2020. Fréquentée en majorité par des spectateurs venus de l’extérieur de la vallée , la salle participe à changer l’image réductrice d’une vallée industrielle : «Je me souviens que lors de l’inauguration, l’architecte avait évoqué la sidérurgie, la crise… C’était vexant ! Les choses ont changé avec l’ouverture de la salle. On me parlait du Gueulard Plus jusque dans le Loiret ! On a encore du chemin à faire, mais cela participe à faire évoluer l’image de la région», explique Moreno Brizzi.
«Il n’y avait pas d’équipements offrant ce genre de prestation. J’en suis très fier. Cette salle rend beaucoup de services», assure René Gori, soulignant l’apport des salles de répétitions et du bar. «C’est un équipement incontournable, un lieu visible et reconnu qui participe à l’essor du tourisme dans la Fensch», ajoute Muriel Pelosato, directrice du service culturel au Val de Fensch, le gestionnaire et financeur de la salle.Un équipement qui coûte, malgré tout, plus (400 000 euros/an) qu’il ne rapporte à la collectivité. Faire des bénéfices n’est, de toute façon, pas l’objectif.